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volonté, malgré toute mauvaise grâce, malgré toute pression malveillante, malgré tout attentat à la liberté, malgré toute parole manquée et tout manque de conscience et par la seule bonne volonté de mes braves électeurs, suis élu Conseiller général. » Ces reproches venaient mal à propos, car l’administration avait expressément tenu la main à ce que cette consultation fût entourée des plus complètes garanties d’indépendance.

Que devient, dans ces conditions, le prestige indispensable à une nation européenne en terre d’Islam ?


LES PARTIS INDIGÈNES ALGÉRIENS

Après la loi de 1919, examinons les partis indigènes algériens, celui des « Jeunes Algériens » dont nous avons vu le rôle jusque dans la Métropole pour provoquer la loi de 1919, puis celui qui, prenant la suite des « Jeunes Algériens, » s’est placé sur le terrain coranique des revendications indigènes en y ajoutant une tendance marquée au nationalisme, et enfin les « Vieux Turbans, » ainsi que leurs rivaux les désignent par dérision, quand ils ne les appellent pas les « Beni-Oui-Oui » en raison de la fidélité que ceux-ci conservent à notre administration.

Les « Jeunes Algériens » se considèrent comme une élite, mais, tiraillée entre l’Europe et l’Islam, leur évolution qui, pour quelques-uns, les porte vers la libre pensée, les laisse sans grande autorité sur la masse indigène et vis-à-vis de ceux qui, tout au contraire, exploitent la fidélité islamique. Aussi la défaite des « Jeunes Algériens » aux dernières élections a-t-elle été complète ; plusieurs sont, cependant, d’apparence sympathique. Comment ne pas être séduit par ces jeunes médecins ou avocats, quelques-uns diplômés à Paris et dont la parole. est facile, entraînante ? C’est ainsi qu’on s’explique leur influence auprès de nos hommes politiques peu au courant des choses indigènes. J’en connais qui ont du tact, de l’esprit de mesure et une culture générale. Ce n’est pas chez eux que l’on trouverait, je me l’imagine, des personnalités analogues à ce « Jeune Persan » que je voyais à Téhéran, au lendemain de la Révolution ; sa faconde était inépuisable et ses déclarations péremptoires inspirées du plus insupportable orgueil ; ancien élève en pharmacie de Tauris, après de brèves études au Caire, il avait été élu au Parlement de Perse, et s’y comparait volontiers à Robespierre !