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du Coran fait à cette occasion, où ce livre saint était représenté comme le meilleur enseignement de morale, de philosophie et de civilisation, montre l’ardeur d’un nationalisme religieux qui s’exerce à dépendre l’indigène de la civilisation occidentale.

Dans la loi de 1919, le titre II qui vise le statut politique des indigènes musulmans algériens, quand ils ne sont pas citoyens français, c’est-à-dire la presque universalité, est extrêmement important, car l’effet de ce dispositif fut immédiat. En voici le texte :

« Les indigènes musulmans algériens qui n’ont pas réclamé la qualité de citoyens français sont représentés dans toutes les assemblées délibérantes de l’Algérie (délégations financières, conseils supérieurs du Gouvernement, conseils généraux, conseils municipaux, commissions municipales, djemaas de douars) par des membres élus siégeant au même litre et avec les mêmes droits que les membres français, sous réserve des dispositions de l’article 2 de la loi organique du 2 août 1875. Dans les assemblées où siègent en même temps les membres indigènes nommés par l’administration, ceux-ci ne peuvent pas être en nombre supérieur aux membres élus.

« Les conseillers municipaux indigènes participent, même s’ils ne sont pas citoyens français, à l’élection des maires et adjoints. »

Ne méconnaissons point la pensée du législateur qui a voulu donner à l’indigène le moyen de s’initier et de participer à la vie politique de la colonie dans les limites où cette participation est utile et demeure compatible avec la sûreté de notre établissement. On verra plus loin ce qui en est réellement et si cette loi répond aux besoins de la population indigène. C’est, en tout cas, la nécessité de maintenir la suprématie française qui a décidé de limiter dans les assemblées le nombre des membres musulmans élus.

Quant aux droits à accorder aux conseillers municipaux indigènes de participer à l’élection des maires, on se rappellera que ce droit exista jadis de 1876 à 1884. Participation équitable, car il est indispensable que le maire représente les intérêts de ses administrés indigènes au même titre que ceux des Européens ; or, quantité de communes de plein exercice n’ont pu être constituées et on n’a pu maintenir leur budget qu’en leur