Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Vous pourriez fonder le prix Mate exclusivement réservé au premier des singes auteurs ; le Prix Mipare réservé également à l’œuvre d’un premier né, jamais d’un cadet ; le Prix Am peut récompenser une étude grecque ; le Prix Ere un bel ouvrage religieux ; le Prix Mitif un livre sur la peinture et les primitifs, cela va de soi ; le Prix Merose ou Prix Mevère me semble indiqué, ainsi que le verbe couronner, pour un ouvrage sur les fleurs, savant ou poétique ; le Prix Ma Donna se donnera aux mémoires d’une chanteuse, le Prix Me Sautier à un petit bouquin un peu frais et spontané auquel on pourrait pourtant aussi décerner le Prix Meur. Le Prix Vilège s’offrira à l’auteur le plus recommandé par ses amis et connaissances. Le Prix Smatique sera gardé pour quelque chose d’étincelant, de brillant de mille feux ; le Prix Ape récompensera les amoureux des jardins ; le Prix Zon attendra un nouveau Silvio Pellico ; le Prix Vauté ne peut être fondé par une vieille dame respectable : renonçons-y ; vous pourriez vous associer avec votre charmant et incomparable et spirituel ami, le comte Primoli, pour fonder le Prix Moli... Si vous voulez je me charge de lui télégraphier à Rome votre décision... Quant au Prix Fixe, on le donnerait plu- sieurs années de suite au même auteur pour le même livre... ce qui laisserait au jury le loisir de se reposer.

— Taisez-vous ! Vous êtes insupportable ; et remettez, s’il vous plaît, le tome du dictionnaire à sa place et à son rang. On ne peut parler avec vous de choses sérieuses.

— Mais si, mais si. Ne vous fâchez pas. Allons, sans plaisanterie, voulez-vous un avis ? un vrai ?

« Eh bien ! offrez tous les ans une forte somme à un jeune homme beau, spirituel, bien doué, gentil, qui n’aura pas encore écrit une ligne ; élevez une statuette à son avenir, et par une fête inoubliable célébrez son « vingtenaire. »

— Avez-vous fini de rire ?

— Je pars... je pars... Mais convenez auparavant que vous n’avez jamais entendu une proposition plus sensée.


CAUCHEMAR

« ... Me voilà revenue dans ma province où souvent je me remémore, chère amie, les jours vécus avec vous, les amusantes soirées ou matinées de théâtre. Dès que je reviendrai, voulez-vous,