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et trois autres Noëls après lui. Et le contraste entre le spectacle de l’Europe et le rêve de bonheur, céleste et terrestre, que le Saint-Siège, tenacement, proposait à la race humaine, explique l’émotion qu’éprouvèrent, en recevant ces lignes, leurs destinataires d’Amérique.

Ce fut une émotion joyeuse, qui s’attesta par la réponse, datée du 2 février 1915. Derechef M. Robert H. Gardiner parlait de Léon XIII en remerciant Benoit XV « qui marchait sur ses traces. » « Un de nos écrivains, rappelait-il, a récemment qualifié l’Eglise romaine de noyau vital de tout l’univers chrétien. » Personnellement à son tour, il insistait sur la vénération que les épiscopaliens professaient pour cette grande Eglise, et sur la « douceur » qu’ils éprouvaient en lisant la lettre de Rome. Puis, le 1er mars, au nom du Comité de la World Conference, il renouvelait son merci pour ces prières papales et pour ces « très douces paroles. » « Il n’est pas douteux, continuait-il, que la lecture de votre lettre ne pousse tous les hommes soucieux de l’unité chrétienne à un surcroît d’efforts pour l’acquérir et pour l’affermir. » Il demandait la permission d’adresser une copie du message du Vatican à tous les évêques de l’épiscopalisme, à tous les évêques de l’anglicanisme. Il ajoutait que lorsque la situation européenne le permettrait, des délégués du Comité s’en iraient à Rome, « consacrée par le sang précieux des apôtres ; » et reprenant les vers du poète Prudence, M. Robert H. Gardiner affirmait que Rome avait été divinement établie « pour qu’elle groupât par l’unité d’un seul lien tout ce qui sur terre a droit au nom de chrétien et pour que tous les membres fussent confédérés dans l’unité d’un même symbole. » Au nom de Benoit XV, le 7 avril 1915, le cardinal Gasparri autorisait M. Robert H. Gardiner à propager comme il le souhaitait la première réponse du Vatican, « laquelle, quoique fidèle, n’est pourtant qu’une pâle image de l’amour du Pontife. »

La communauté d’aspirations entre l’Eglise romaine et l’épiscopalisme américain, éloquemment attestée par cette admirable correspondance, trouva, sur les lèvres chrétiennes, un témoignage plus attachant encore. De par le désir de Benoît XV, en 1916, les catholiques romains de l’univers furent invités à réciter, chaque année, durant les neuf jours qui commencent au 18 janvier, — fête de la Chaire de Saint Pierre à Rome, — une oraison pour la réunion des Églises. Les épiscopaliens, en 1918, adoptèrent