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qu’il ne vise à rien de plus qu’à étudier attentivement, pour en tirer profit, ce que M. Williams appelle « le fonctionnement de cette magnifique organisation. » « Aussi longtemps que Rome exigera une soumission préalable, observe mélancoliquement l’évêque Woods, la voie sera barrée de ce côté [1]. » Et lorsque le Phanar se propose, au futur concile « œcuménique » que l’on tiendrait dans Sainte-Sophie, d’inviter le Pape comme président d’honneur, à la condition qu’il ne reconnaisse aucuns conciles postérieurs à 787, l’anglicanisme sait pertinemment que la réponse qu’on recevra de Rome ne différera pas de celle que Bossuet faisait à Leibnitz, lorsque celui-ci souhaitait que la papauté fit bon marché du concile de Trente [2].

Certaines personnalités de l’Eglise romaine regardent pourtant avec plus de confiance que de réserve tous ces germes d’union qui partout fermentent. « Parmi ces débats amorphes et incohérents, écrit un Jésuite anglais, le P. Leslie Walker, ne pourrons-nous pas débrouiller l’action de l’Esprit, qui lentement travaille une étoffe dure à se rendre ? » Chicaner la conférence de Lambeth sur certains points techniques de théologie, il le pourrait assurément, mais il préfère noter avec joie, avec émotion, l’esprit d’espérance, l’esprit de repentance, qui anime l’appel adressé par cette conférence à toute la chrétienté ; il préfère constater l’importance accordée par ces évêques à cette Eucharistie dont le Siège Romain fut toujours le défenseur, et le souci qu’ils témoignent d’en finir avec certain esprit d’exclusivisme national qui longtemps distingua l’anglicanisme, et de reconstituer « le fellowship de la grande unité ; » et les visions qui flottèrent devant les membres de la conférence de Lambeth lui paraissent avoir une force dynamique dont l’avenir révèlera les effets. Il apparaît au P. Leslie Walker que toute Eglise qui conserve des éléments du christianisme garde implicitement,

  1. Coolen, Revue pratique d’apologétique, 1er février 1920, p. 339. C’est un fait épisodique auquel il ne faudrait pas attacher trop d’importance, que cette brochure : No Small Stir [Une grande agitation), dédiée « au Siège de Saint-Pierre et à l’Église principale » et publiée par la société anglicane de Saint Pierre et Saint Paul sous le pseudonyme Diplomaticus. On y lit cette conclusion : « L’appel à l’union ne peut venir que du Principium unitatus, du gardien de la Vigne. Nous ne savons pas si Rome prépare des paroles de paix, mais nous voulons être prêts et avoir nos reins ceints. En attendant, nos yeux sont tournés vers le principal Berger, nous attendons la voix qui s’élèvera de la tombe de Pierre et Paul. » (André de Bavier, Revue des Jeunes, 25 octobre 1917, p. 481-487.)
  2. D’Herbigny, Études, 20 octobre 1920, p. 161.