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REVUE SCIENTIFIQUE

DES POIDS ET DES MESURES

Si l’on me demandait quelle est de toutes les œuvres, de toutes les idées, de toutes les entreprises jaillies de ce pays celle qui a porté le plus loin dans l’espace, celle qui portera le plus loin dans le temps la gloire du nom français, je répondrais sans hésiter : c’est le système métrique des poids et mesures. Aussi loin qu’on peut trouver des hommes sur cette planète, — et chaque jour davantage comme on verra ci-dessous, — c’est avec des termes français, suivant des normes françaises, avec des objets issus d’une idée française qu’ils désignent, pèsent, mesurent les choses. Aussi longtemps qu’il y aura des peuples dans l’avenir sur la croûte lentement refroidie de ce globe, on peut affirmer qu’il en sera ainsi.

De toutes les idées jaillies de la Révolution française, le système métrique est la seule dont les conquêtes n’ont fait que s’accroître, dont les annexions durent encore et grandiront sans fin. Elle est la plus belle et la plus durable victoire de la Révolution, et nos ennemis mêmes, ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui, se sont joyeusement rangés sous sa loi.

Ce nous est donc un devoir de suivre attentivement les progrès de cette colonisation du monde par une idée française. Ces progrès, la sixième Conférence générale des poids et mesures qui vient de se tenir à Paris nous donne une occasion de les marquer ici.

La conférence précédente, la cinquième, s’était tenue en 1913. Que d’événements depuis lors ! Que de deuils, de gloires, de misères, de vicissitudes politiques ! On a vu dans les huit dernières années qui ont séparé ces deux conférences, vaciller toutes nos notions, on a vu