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vigoureux défenseur en tout temps de la vérité catholique [1], » et l’Osservature. disait : « Puisse le gouvernement de l’Angleterre civilisée et libérale faire pour l’Irlande ce qu’il a fait bien d’autres fois dans de semblables circonstances pour tant d’autres peuples, et ce qu’il a promis avant et durant toute la guerre à toutes les petites nationalités ! C’est la seule façon de résoudre la question irlandaise qui jette une ombre sur l’auréole de civilisation et de liberté qui entoure la nation anglaise [2]. »

Le 27 avril 1921, Benoit XV, intervenant en personne par une lettre au cardinal Logue, et « poussé par cette universelle charité qui embrasse tous les hommes, » conjurait l’Angleterre et l’Irlande « de consentir à examiner dans un esprit de justice si l’heure n’était pas venue de mettre fin aux violences et d’ouvrir des pourparlers [3]. » Quelques semaines avant sa mort, les pourparlers s’ouvrirent : quelques jours avant sa mort, un arc en ciel commença d’éclairer l’avenir de la libre Irlande. Et Benoit XV, en son agonie, put avoir la vision d’un peuple qui commençait de revivre. Léon XIII avait dit, dans son encyclique Libertas : « Quand un pays est sous le coup ou sous la menace d’une domination qui le tient sous la pression d’une violence injuste, ou prive l’Eglise de sa liberté légitime, il est permis de chercher une autre organisation politique, laissant la possibilité de jouir de la liberté. » Les regards suprêmes de Benoit XV virent éclore, pour l’Irlande, cette possibilité séculairement souhaitée.

C’est une vieille idée romaine, que dans le grand corps de la chrétienté, chaque peuple a sa fonction propre, on pourrait presque dire son ministère : deux peuples catholiques rappelés à la vie, c’est un enrichissement pour la collectivité chrétienne tout entière, c’est l’augure que dans la vie de la société chrétienne deux fonctions nouvelles vont être remplies. Dans un opuscule où beaucoup de pages pénétrantes retiennent la pensée, M. Etienne Fournol écrivait naguère que la Pologne succède naturellement au rôle et à la force religieuse de l’Autriche et que, si un grand Etat catholique est mort, un grand État catholique est né [4].

  1. Nouvelles religieuses, 1er avril 1918, p 198.
  2. Victor Bucaille, Revue des Jeunes, 15 février 1921, p. 340.
  3. Documentation catholique, 15-23 juillet 1921, p. 34.
  4. Sur les chemins qui mènent à Rome : remarques sur le rétablissement de l’ambassade du Vatican, p. 60. (Paris, Bossard, 1920.)