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est partie intégrante et inséparable du Traité, est ainsi conçu :

« Les membres de la Société (des Nations) s’engagent à respecter et à maintenir contre toute agression extérieure l’intégrité territoriale et l’indépendance politique présente de tous les membres de la Société. En cas d’agression, de menace ou de danger d’agression, le Conseil avise aux moyens d’assurer l’exécution de cette obligation. »

Voilà qui est autrement clair et précis que le texte du « pacte de sécurité. » Devrons-nous, si nous acceptons ce pacte, tenir le texte de l’article 10 pour nul et non avenu ? C’est alors tout le pacte de la Société des Nations qui s’effondre et, avec lui, c’est tout le Traité, ou plutôt tous les traités ! Si c’est cela, nous avons le droit de le savoir et de prévoir les conséquences. Le vicomte Grey, dans un discours plein de bon sens et de loyauté, disait récemment : « Il y a eu trop de Conseils suprêmes et pas assez de Société des Nations. »

Tel est le traité que M. Briand a rapporté de Cannes. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il est dénué de toute valeur : chaque affirmation nouvelle de la solidarité de la France et de l’Angleterre en face de l’Allemagne a une valeur ; mais il ne nous apporte qu’une garantie insuffisante et souvent illusoire ; il n’ajoute rien à des stipulations déjà acquises dont il vaudrait mieux consolider qu’ébranler l’autorité. Le traité, sous cette forme, ne vaut pas que la France l’achète par des concessions nouvelles et accepte des conditions. Or, l’aide-mémoire comporte les unes et les autres. Nous y trouvons d’abord un long développement sur les sous-marins qui alarment l’opinion britannique à un point qui ne se conçoit guère entre pays amis. Le meilleur moyen de dissiper toute inquiétude n’est-il pas de conclure une alliance ? Comment l’aide-mémoire peut-il parler d’une « concurrence navale entre la Grande-Bretagne et la France ? » Et comment peut-on nous dire : « Le Gouvernement de Sa Majesté (britannique) propose donc, comme condition du traité et de l’entente qu’il envisage, que les Amirautés des deux pays se concertent au sujet de leurs programmes navals ? « Il faut que les Anglais connaissent bien mal la France pour croire qu’elle acceptera des « conditions, » et qu’elle accordera à l’Amirauté britannique un droit de regard sur les constructions navales qu’il lui conviendra de faire. Si les deux pays sont alliés, il va de soi que leurs Amirautés auront avantage à se concerter. La France n’entend pas limiter par un engagement écrit son droit de construire des sous-marins, si bon lui semble. Elle est une Puissance indépendante.

Enfin il a été question, à Londres et à Cannes, — l’aide-mémoire y