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Au contraire, elle se heurterait à l’opposition de groupes importants dans les diverses parties de la communauté des peuples britanniques. Elle n’aurait pas, par conséquent, pour la France, la même valeur qu’un engagement pris sous une autre forme, » Ainsi s’exprime l’ « aide-mémoire. » Quoiqu’on nous accuse souvent d’être incapables de faire un effort pour comprendre le point de vue des autres peuples, nous admettons parfaitement qu’il répugne à un insulaire anglais, à plus forte raison à un Australien, à un Canadien, à un Sud-Africain, de se trouver impliqués dans une guerre à propos des frontières de la Pologne ou de la Tchécoslovaquie. Mais ils doivent de leur côté se rendre compte que la France est aussi directement menacée si les Allemands entrent à Poznan que s’ils assiègent Metz. L’Angleterre comprendrait mieux, si elle avait une frontière continentale, qu’il n’y a en Europe qu’une grande question : le maintien et l’exécution des traités. L’Empire britannique est attaqué, si Varsovie ou Prague sont attaqués ; il s’en apercevrait sans doute si le cas venait à se produire, pas assez vite cependant pour prévenir des catastrophes. Le pacte de garantie pourrait avec avantage se limiter à une affirmation nouvelle de l’étroite, solidarité militaire et diplomatique des deux pays pour le maintien et l’exécution intégrale des traités, sauf à déterminer d’un commun accord les voies et moyens. Si une telle affirmation était suivie d’un prompt effet, l’Angleterre et la France auraient travaillé pour le rétablissement de l’ordre économique et la consolidation de la paix plus efficacement que ne fera la conférence de Gênes.

Par l’article 2, « les Hautes Parties contractantes affirment de nouveau l’intérêt commun que présentent pour elles les articles 42, 43 et 44 du Traité de Versailles... » Ces articles, dont le texte est rappelé dans le préambule, sont ceux qui interdisent à l’Allemagne de maintenir ou de construire des fortifications sur la rive gauche du Rhin et dans un rayon de 50 kilomètres sur la rive droite, de rassembler des troupes dans cette même zone, d’y maintenir des facilités matérielles de mobilisation, et qui considèrent toute infraction à ces dispositions comme « un acte hostile vis-à-vis des Puissances signataires du présent Traité. » On s’attend, après en avoir lu les premiers mots, à ce que l’article aboutisse à quelque mesure exceptionnellement énergique, à un texte tel que : « mobiliseront immédiatement toutes leurs forces, » et c’est avec stupeur que l’on trouve : « et se concerteront, s’il y avait une menace d’une violation quelconque des dits articles ou si un doute venait à s’élever quant à leur interprétation. » Est-ce bien la peine de répéter des stipulations