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où le service abrégé s’arrêtait. Ces travaux ont été exécutés au moment où le coût de la construction était au maximum. Cela a été une des conséquences les plus onéreuses de la réglementation. L’application étroite qui en a été faite a eu pour conséquence, d’après M. Margot, directeur général du Paris-Lyon-Méditerranée, de réduire à six heures par jour la durée moyenne du travail effectif.

Les conséquences financières directes sont évaluées à 1 100 millions de francs de dépenses supplémentaires annuelles. A ce chiffre il convient d’ajouter l’intérêt et l’amortissement des 2 milliards dépensés pour locomotives, remises et logements ouvriers, soit au total 1 250 millions de Francs. Tels sont les résultats pour les chemins de fer de la loi de huit heures ; elle a entraîné en outre des conséquences indirectes que nous avons indiquées et qu’il est malaisé de chiffrer.

Le travail dans les houillères a été réglementé par la loi du 24 juin 1919. L’article 9 en fixe la durée maximum à huit heures ; l’article 10 porte qu’ « en ce qui concerne les ouvriers du fond, cette durée est calculée par chaque poste et chaque catégorie d’ouvriers, depuis l’heure d’entrée réglementaire dans le puits des premiers ouvriers descendant jusqu’à l’heure réglementaire de l’arrivée au jour des derniers ouvriers remontés. » Il a aussi été accordé aux mineurs que le repas qu’ils prennent au fond, appelé le briquet, serait compté comme temps de travail. Il en est résulté une diminution générale de la production, que le Comité central des Houillères de France, dans son rapporta l’Assemblée générale du 18 mars 1921, évalue à un cinquième environ par rapport à l’avant-guerre. De ce chef, c’est 10 millions de tonnes de moins que produit notre pays, et qu’il est forcé d’importer. Au prix de 250 francs la tonne, c’est un tribut additionnel de 2 500 millions de francs que nous payons à l’étranger. Si l’on ajoute cette somme à celle de 1 250 millions que nous avons indiquée pour les chemins de fer, on voit que, pour ces deux industries seules, le surcroît de charges annuel atteint 3 750 millions de francs.

D’une enquête faite dans les industries métallurgiques et mécaniques, il résulte que, en ce qui concerne les travaux à feu continu, pour une production journalière restée constante, les effectifs ont dû être augmentés de 45 à 50 pour 100, et, comme la loi oblige de maintenir à chaque ouvrier le même salaire