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plaisir à inscrire votre nom sur une des pierres de ce que je voudrais voir devenir un monument [1]. Voilà que je vous ai beaucoup parlé de moi, mais j’imagine que vous comprendrez qu’en retour vous ne me parlerez que de vous dans la réponse : autrement, j’aurais eu tort. Mme Caraud, dans sa visite [2], m’a dit que vous viendriez achever de ronger vos rations à Versailles et j’ai bondi de joie. Est-ce vrai ? Vous seriez dans un faubourg de Paris.

Adieu, cher commandant, prenez là une bonne et amicale poignée de main de

Votre dévoué serviteur


DE BALZAC.


XI

Périolas à Balzac.


Lyon, ce 30 juillet (1830).

Je rends grâce à l’horreur que vous avez du vide, mon cher Honoré, puisque ce sentiment répulsif, si naturel, m’a valu une marque de votre bon souvenir. Selon votre désir, vous aurez de quoi meubler votre cave : deux tonneaux d’Ermitage vous arriveront, j’espère, bien conditionnés ; le rouge est de 1830, vous le paierez 180 francs, le blanc est de 1835 et il vous coûtera 100 francs, le demi-tonneau. Bien entendu que les frais de transport sont à ajouter et à votre charge. Ce sont là les meilleures conditions que j’aie pu obtenir et la cave amie où je puise n’a en ce moment rien de plus distingué à vous offrir, toutes les récoltes antérieures sont écoulées.

Vous semblez me plaindre de tenir garnison à Lyon. Mais je vous assure qu’on n’y est point si mal. La place est peu poétique à la vérité, et qu’importe ? Alors on fait autre chose que de la poésie, même quand on est poète et à plus forte raison lorsque, comme moi, on ne l’est pas du tout. Au total, la vie s’écoule ici comme ailleurs, c’est-à-dire beaucoup trop vite. Quant à la république, il n’en est pas du tout question [3] ; elle

  1. En 1844, Balzac lui dédia Pierre Grassou.
  2. En décembre 1838. Balzac écrit aussi inexactement le nom de Mme Carraud que celui de Périolas.
  3. Périolas pense sans doute à l’émeute de novembre 1831, qui fut non une émeute politique, mais une émeute de misère.