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— Je doutais du destin, j’attendis ton retour.
Mais bientôt, renonçant aux folles espérances,
Une triste langueur éteignit mes souffrances...
Je vous cherche, ô mes sœurs qui mourûtes d’amour !

— Loin de toi, je t’aimais chaque jour davantage.
Dans la nuit sans pardon, j’emportai mon remords.
Faut-il qu’abandonné des vivants et des morts,
Le silence et l’exil demeurent mon partage ?

En franchissant le seuil qu’on ne passera plus,
L’empereur a quitté la pourpre et la couronne.
Me voici pauvre et nu, le vide m’environne.
Titus n’est plus qu’une ombre, aime encore Titus !

— Si je te suis fidèle, ô Titus, si je t’aime !
Ah ! je bénis la Parque, et les dieux sont témoins
Qu’au faite des honneurs je te chérissais moins
Qu’en ces lieux où mon cœur ne trouve que toi-même.

— Le printemps va renaître, et j’espère, et je vis !
Pour nous refleuriront le myrte et l’asphodèle.
Aimons-nous et goûtons, dans la joie éternelle.
Aux seuls biens que la mort ne nous a point ravis.

— J’ai gardé ma jeunesse, à travers l’amertume,
Impatiente et prompte, ainsi qu’au premier jour
Où j’éprouvais par toi les tourments de l’amour.
Même un feu plus secret l’exalte et la consume !

— Couvre-moi de rayons, sombre étoile des nuits !
Bérénice, tends-moi tes cheveux et tes lèvres !
Penche, penche vers moi, pour apaiser mes fièvres,
Tes longs regards plus frais que l’eau noire des puits,

Et repose en mes bras ta chair ardente et lasse !...
Mais quoi !... Lorsque Vénus exauce mon désir,
Tu n’es plus, sous la main qui cherche à te saisir.
Qu’un peu d’ombre, et déjà ton visage s’efface !