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en capital ships ou unités de première classe, et cette décision nous fait tomber à un contingent de 1,7, en face des five, five, three. Pendant la guerre, nous avions arrêté nos chantiers maritimes ; nous avions dû nous consacrer tout entiers à la fabrication de notre outillage terrestre ; nous avions renoncé à construire des vaisseaux de haut bord capables d’être mis en ligne. On a complètement oublié que nous avions pris ce parti dans l’intérêt de tous les Alliés. Notre infériorité, qui pouvait n’être que momentanée, devient définitive. Nous avions, du moins, le droit d’espérer qu’après ce sacrifice, nous ne serions plus taxés d’impérialisme par personne ; cette folle accusation s’est cependant renouvelée à propos des sous-marins. M. Balfour et lord Lee ont demandé, au nom de l’Angleterre, la suppression totale des submersibles. M. Briand a, au contraire, insisté par lettre adressée à M. Hughes, pour qu’il nous fût laissé des unités légères, torpilleurs, destroyers, sous-marins. Il n’en a pas fallu davantage pour que nous fussions soupçonnés par certains journaux anglais de méditer une guerre contre l’Angleterre. Comment ne serions-nous pas stupéfaits de voir des idées aussi insensées germer dans le cerveau de gens raisonnables ? Quels que soient, aujourd’hui ou demain, nos dissentiments avec l’Angleterre, nous croit-on sérieusement capables d’oublier la fraternité d’armes qui nous a procuré la victoire ? Et, si vraiment on suppose que nous ne reculerions pas devant cette félonie, s’imagine-t-on que nous serions assez dépourvus de sens commun pour essayer de lutter sur mer avec la plus grande Puissance navale du monde ?

Il est douloureux d’avoir à relever d’aussi énormes sottises. M. Albert Sarraut, appuyé de l’amiral de Bon, a clairement expliqué à la Conférence de Washington que, si nous avions cédé sur les gros navires, nous étions, en revanche, dans la nécessité d’assurer notre défensive par une flottille de sous-marins. Certes, l’Allemagne a fait des submersibles, pendant toute la durée de la guerre, un usage abominable, qui leur a laissé, aux États-Unis et en Angleterre, une détestable réputation. Des navires de commerce ont été coulés, des passagers inoffensifs, des vieillards, des femmes, des enfants, ont été engloutis dans les flots, des violations réitérées du droit des gens ont été commises, des attentats monstrueux dont l’histoire gardera toujours le souvenir exécré ont été constamment perpétrés. Tout cela est vrai, comme il est vrai que l’arsenic est à la fois un poison et un remède. Mais le sous-marin, qui peut aider la barbarie à accomplir des forfaits contre la civilisation, n’en est