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REVUE SCIENTIFIQUE

TREMBLEMENTS DE TERRE

Le violent tremblement de terre qui, dans la nuit du 10 au 11 novembre, a ébranlé la côte chilienne de l’Océan Pacifique et qui a pris les proportions d’une vraie catastrophe attire de nouveau l’attention sur la stabilité médiocre de cette mobile écorce terrestre qu’on appelle si fallacieusement la terre ferme.

Presque aussitôt après la catastrophe, les divers observatoires sismologiques d’Europe étaient en état de préciser qu’elle s’était produite à environ 10 000 kilomètres de la France.

Effectivement, dès que les communications télégraphiques furent rétablies (car la plupart des câbles avaient été rompus dans la région centrale du cataclysme), on apprit que le séisme s’était produit non loin du lac Titicaca entre la Bolivie et le Pérou. Les calculs plus précis auxquels on s’est livré depuis n’ont fait que confirmer ces premières données, et le Bureau central sismologique de Strasbourg a communiqué récemment le résultat de tous les renseignements qu’il a centralisés et d’où il ressort que l’épicentre de ce cataclysme se trouvait en un point situé très exactement entre Iquique et le lac Titicaca.

Je passe sur les nombreuses vies humaines (plus de 2 000), détruites dans cette affaire, tant par le séisme lui-même que par le ras de marée qui l’a suivi, dévastant ce qui avait survécu dans cette région de la côte chilienne. Quel que soit leur douloureux intérêt, ces considérations anthropocentriques échappent à la compétence de celui qui doit envisager les phénomènes uniquement sous l’angle de la physique, de la chimie et de la mécanique.

La description très succincte que je viens de faire de ce mouvement récent de la croûte terrestre pose d’ailleurs à ce point de vue