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cette phrase trop enthousiaste. Il ne faudrait pas naïvement généraliser, s’imaginer que s’étendent, à une région tout entière, dételles opinions. Ceux qui les ont doivent savoir du moins que nous ne voulons pas continuer à les ignorer.


La pluie tombe et se fond dans un lourd crépuscule. Toute la journée encore, sur la petite place, les partidores ont continué leur sourde besogne. Et puis les servantes aux pieds nus, aux longs cheveux, sont venues enlever dans des corbeilles tout ce bois coupé, et, le chargeant sur leur tête, l’ont emporté dans les maisons. Un instant, un pâle rayon a percé les nuages, et les vitres alors, dans leurs cadres de chaux blanche ou de très vieille peinture verte, ont eu comme un miroitement glauque, — livide reflet d’écaillés au ventre d’un poisson mort. Maintenant, la nuit commence. Là-bas, derrière les sombres murs du couvent de Belvis, une faible lumière vient de s’allumer.

La nuit commence. Elle tombe. Elle enveloppe les rues étroites, les pierres sombres, toute la petite ville si lointaine. Mais dans cette ville du passé, n’est-ce pas hier que j’ai parcouru les salles claires de la grande Université ? N’est-ce pas aujourd’hui que j’ai visité l’Ecole des Arts-et-Métiers, avec ses beaux tableaux et son importante bibliothèque, l’Académie de médecine, où, sous l’artezonado d’un incomparable plafond du quatorzième, brillaient les verres et les cuivres des plus récents instruments combinés par la science ; que j’ai visité enfin, véritable merveille de tenue, d’organisation et d’hygiène modernes, le sanatorium de Conjo ?

La propreté étincelante des larges couloirs, des grandes chambres, des salles immenses toutes baignées d’un air pur et qui porte l’odeur des pins restera dans mon souvenir. Le directeur du sanatorium, don Juan Barcia Caballero, et le très aimable alcalde de Saint-Jacques, don Vicente Goyanes, médecins l’un et l’autre et de grand mérite, avaient quelque fierté de mon admiration, — je puis bien dire aussi de mon étonnement.

Don Juan Barcia Caballero est un savant et un écrivain. Ses livres, ses conférences sur : la Folie dans l’Art, la Folie chez les enfants, ont été fort remarquées. Il me disait avec orgueil :