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Pendant ce temps, on achevait l’agrandissement du laboratoire de l’École normale, l’Administration s’étant enfin décidée à donner à Pasteur un laboratoire où il put travailler commodément. Il y termine ses études sur la bière. Que va-t-il entreprendre maintenant ? Les recherches sur les maladies des vers à soie lui ont appris comment une maladie est héréditaire, comment se produisent les contagions et aussi le rôle du terrain dans l’évolution des maladies infectieuses. Il est donc bien préparé à l’étude des infections chez les animaux supérieurs et chez l’homme. D’ailleurs, la révolution apportée en chirurgie par les méthodes de Lister n’ont-elles pas pour origine ses propres expériences sur les ferments ? Ce succès de ses idées n’est-il pas de nature à l’encourager à les appliquer à la médecine ? Il ne manque aucune occasion qui lui est offerte d’examiner des malades infectés. Un ancien normalien, le docteur Hervieu, médecin de la Maternité, le conduit dans son infirmerie où sévit trop souvent la fièvre puerpérale. Pasteur, en examinant les lochies des femmes malades et le sang de celles qui ont succombé, y découvre le microbe en chapelet de grains, le streptocoque d’aujourd’hui, et le regarde comme l’agent principal de l’infection des accouchées. Pour lui, le microbe est transmis d’une femme malade aux femmes saines par le médecin et par les sages-femmes qui ne prennent pas les précautions de désinfection nécessaires. Il recommande de stériliser les linges et les objets de pansement avant d’en faire usage.

Un savant qui fréquente son laboratoire est atteint de furoncles ; vite Pasteur fait prélever du pus, l’examine au microscope, y distingue un microbe sous forme de petits grains réunis en amas, il le cultive dans du bouillon à l’état de pureté, et comme il le retrouve dans le pus de l’ostéomyélite, il déclare, au grand effarement des chirurgiens, que l’ostéomyélite est un furoncle de l’os. Ce microbe en amas de grains, appelé depuis staphylocoque, se rencontre aussi dans les abcès et dans maintes suppurations.


Malgré ces incursions heureuses sur le domaine médical, Pasteur hésitait à s’occuper de maladies qui relèvent des médecins