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il entreprend des éducations et suit l’état des vers pendant toute leur évolution. Il retrouve les corpuscules de Cornalia et tout d’abord la maladie lui paraît constitutionnelle. Il ne reconnaît pas un parasite dans ces corpuscules dont il ne peut surprendre le mode de reproduction ; ils apparaissent dans une matière protoplasmique qui semble une dégénérescence des tissus ; mais quelques expériences rigoureusement conduites lui montrent son erreur. Les corpuscules sont une forme du parasite, ils passent des parents à la graine, et ainsi s’explique l’hérédité de la maladie. On observe des éducations corpusculeuses dont les vers donnent de beaux cocons et d’autres, corpusculeuses également, dont les vers sont incapables d’en filer aucun. Ces faits déconcertants en apparence s’expliquent par la date de la contamination des vers ; pas de récolte avec ceux qui sont infectés dès le début, récolte satisfaisante avec ceux envahis tardivement. On comprend aussi pourquoi des papillons, issus d’une éducation qui a bien évolué et fourni de beaux cocons, peuvent donner une graine dont l’élevage sera décevant. Le germe de la maladie ne survivant pas dans le milieu extérieur et se transmettant directement des parents à leur descendance, il s’agit, pour supprimer le mal, d’obtenir sûrement une graine saine, et non comme on l’a proposé, de vérifier la qualité de la graine quand elle est faite, car le graineur écoulera toujours sa graine telle qu’elle est. Pasteur préconise donc le grainage cellulaire dans lequel chaque papillon femelle pond à part ; la ponte faite, le corps de la pondeuse est broyé dans un mortier et le magma est regardé au microscope : s’il contient des corpuscules, les œufs sont détruits, s’il n’en contient pas, les œufs sont conservés et fourniront une bonne récolte.

Pasteur distribue aux magnaniers des lots de grains ainsi sélectionnés et il attend les résultats ; ils le mettent en présence d’une nouvelle difficulté. Dans certains lots de grains contrôlés, les vers ont péri avant de filer leurs cocons ; ou bien ils ont donné de minces cocons dans lesquels la chrysalide est morte, et cependant on ne rencontre aucun corpuscule ni dans les vers ni dans les chrysalides. On se trouve en présence d’une autre maladie « la flacherie. » Sans se décourager, Pasteur se met à l’étudier, il reconnaît qu’elle se contracte par le tube digestif, surtout lorsque les vers ingèrent de la feuille humide, qu’elle est causée par un vibrion et un organisme en chapelets de