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bien plus intransigeante ; il estimait que les Japonais avaient mis dans leur dernière réponse encore plus d’arrogance que dans les précédentes.

Sous l’impression de sa conversation avec le ministre du Japon le jour de l’an, l’Empereur n’attachait que peu d’importance à la réponse japonaise, étant sur que ses paroles arrangeraient les choses.

Le 19 janvier, nouveau télégramme du Kaiser :

Avis de l’Amiral de l’Atlantique à l’Amiral du Pacifique ! Des nouvelles sont arrivées d’une source chinoise sûre : les gouverneurs de la vallée de Yang-Tzè ont été informés par le Japon, que la guerre avec la Russie étant inévitable, ils devaient accorder leur protection aux intérêts commerciaux des étrangers. Le ministère des Affaires étrangères chinois a donné ordre à tous les gouverneurs des Provinces du littoral de rester strictement neutres. La colonie japonaise du Tchi-li a été prévenue de Tokio qu’il fallait s’attendre à la guerre pour la fin de ce mois.

WILLY.


Le 21 janvier, l’Empereur répondit à ce télégramme en remerciant l’empereur Guillaume de ses informations. Il se disait plein d’espoir d’arriver à un arrangement avec les Japonais, les termes de leurs dernières propositions étant modérés et conciliants. Sa Majesté ajoutait que toutes les nouvelles alarmantes au sujet des préparatifs de guerre en Extrême-Orient émanaient d’une certaine source dont l’intérêt est de « soutenir cette agitation. »

On voit que Nicolas II trouvait, comme son ministre des Affaires étrangères, la réponse japonaise assez conciliante pour permettre la continuation des négociations avec chance de succès.

Le 25 janvier, faisant son rapport à l’Empereur, Lamsdorff a tenu à démontrer au souverain la nécessité de poser catégoriquement à l’amiral Alexéïeff les questions suivantes, afin d’engager à fond sa responsabilité personnelle :

1° Les divergences qui existent entre la Russie et le Japon sont-elles assez importantes pour risquer un conflit armé ?

2° Dans l’affirmative, ne devrions-nous pas quand même continuer les négociations, afin d’avoir épuisé tous les moyens pour obtenir un règlement pacifique de la crise ?

3° Si nous n’y réussissions pas, ne serait-il pas plus avantageux