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protéger les eaux danoises contre des flottes supérieures. Il trouve tout à fait acceptable la solution proposée, à savoir que la Russie et l’Allemagne offriront de garantir la neutralité du Danemark et il dit qu’un poids lui est enlevé du cœur. Il a promis de ne rien dire à ce sujet à son ministre, membre du Parlement, jusqu’à ce que tu aies décidé comment l’affaire devra être traitée. M. de Bulow, à qui j’ai parlé de cette affaire, est très content de la proposition et il est aussi d’avis que le premier ministre danois et avant tout le Parlement doivent être tenus à l’écart ; que cela doit être un arrangement entre les trois souverains, par des moyens qu’il leur plaira de faire employer à leurs représentants, qu’en cas de guerre, le Danemark aura à déclarer immédiatement sa neutralité, et que nous deux nous annoncerons notre ferme intention de la garantir et, en cas de nécessité, de la défendre par la force. Je te serais reconnaissant de me faire aimablement savoir si cette proposition est conforme à tes désirs ? Le Roi va très bien ; il te remercie de tes aimables intentions dans cette question et il a été visiblement tranquillisé, quand il a vu que ses deux grands voisins sont complètement d’accord pour venir à son secours. — Meilleures amitiés à Alice. Ma voix est de nouveau plus ou moins en ordre.

WILLY.


Le 14 janvier 1904 (qui est le premier jour de l’année, selon le calendrier orthodoxe), le Palais d’Hiver vit s’accomplir les cérémonies traditionnelles. Après la messe, l’Empereur reçut les membres du corps diplomatique. S’adressant au ministre du Japon, il exprima l’espoir que les complications seraient évitées, que tout s’arrangerait paisiblement ; il déclara enfin que les Japonais devaient se souvenir que la Russie n’était pas une contrée, qu’elle était une partie du monde et que, à la fin, elle pourrait perdre patience.

C’est l’Empereur lui-même qui a raconté cette algarade au ministre des Affaires étrangères, en ajoutant que les secrétaires de la légation qui se tenaient derrière leur chef ne pouvaient pas ne pas l’avoir entendue et qu’ils avaient l’air bien penauds.

Les paroles du Tsar ont fait le tour du monde et, commentées par les journaux de l’univers entier, elles sont revenues