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Chronique 30 novembre 1922

CHRONIQUE DE LA QUINZAINE


Quinzaine d’élections, de crises ministérielles, de préparations diplomatiques.

Le 7 novembre, les citoyens des États-Unis ont été appelés à élire les gouverneurs et les assemblées législatives d’un certain nombre d’États, à renouveler toute la Chambre des représentants et un tiers des membres du Sénat. Les élections de 1920 avaient marqué la déroute des démocrates partisans de M. Wilson : l’Europe y vit l’abandon de la politique d’intervention suivie pendant la Grande Guerre et la résolution de s’abstenir de toute immixtion dans les affaires d’outre-mer. A la Chambre des représentants, qui compte 435 membres, les républicains avaient une majorité de 170 voix ; au Sénat, ils détenaient 60 sièges et les démocrates 36, et c’est cette majorité républicaine du Sénat qui avait, on s’en souvient, fait échec à la politique de M. Wilson et refusé de ratifier les traités négociés par lui. Mais, depuis deux ans, les républicains sont au pouvoir ; ils n’ont naturellement pas tenu toutes les trop belles promesses qu’ils avaient faites aux électeurs ; le pays souffre d’une gêne économique mal définie, ou plutôt dont il ne veut pas s’avouer à lui-même la véritable cause, qui est la pléthore de l’or et le cours élevé du dollar ; l’Amérique est murée dans sa richesse, comme d’autres dans leur ruine. Ce nouveau tarif douanier, promulgué le 22 septembre dernier, accentue encore son isolement économique ; désastreux pour des pays amis, comme la France, dont il prohibe en fait une grande partie des produits, il est très onéreux pour les États-Unis eux-mêmes ; les impôts restent lourds ; le Gouvernement de Washington se désintéresse des affaires d’Europe, mais le trouble économique dont souffrent vainqueurs et vaincus a son contrecoup sur le marché américain. Il n’y a pas apparence, tant s’en faut, que les créanciers de l’Amérique soient bientôt en état de payer les dettes que d’ailleurs