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plants qui tracent beaucoup et s’enfoncent peu. Ils émettent autour d’eux un chevelu envahissant qui se trouve toujours à l’étroit. Ce qui est nécessaire à la souche, l’espace, l’est aussi chez eux au pampre. Le plus grand nombre se couvrent de feuilles et de fruits à ce point abondants qu’ils plient sous le poids et ont l’air de se répandre sur le sol. C’est ce que l’on exprime en disant qu’ils ont « le port traînant. » Alors on les tend, on les attache sur fils de fer, sur deux ou trois rangs, de piquet en piquet, alignés comme des murs touffus, des murs d’une saison. Ainsi ils s’étalent et se carrent sous la terre, et se développent et s’étagent sous le ciel. Ils ne pensent plus qu’à se sustenter. Ils ne vivent pas seulement de ce qu’ils respirent et de ce qu’ils pâturent, quelque salubre que soit l’air, généreux le terroir, tonifiant le soleil, l’astre ami. Ils sont avides de substances concentrées, fermentées, fortes et stimulantes. On les leur sert sous forme de fumures et d’engrais alternés. Une année, du fumier, comme pour un champ ; la suivante, de la potasse et de l’acide phosphorique : 150 kilos de chaque à l’hectare. Dose suffisante pour réparer leurs forces après une récolte moyenne.

Mais, s’ils ont rendu exceptionnellement, s’ils ont affronté les fléaux, subi la grêle, qu’il faille à la fois les reconstituer et les galvaniser, il est utile de leur apporter les deux, la même année, fumure et engrais, sans hésiter, sans calculer. Même les sables gras sont bons à mêler au compost. Le tout alors offre une nourriture à faire lever des pierres, où ils se redressent comme des héros. Au reste, selon l’expression des paysans, « ils ne sont point ingrats. » Ils payent en prodigues des avances et des soins consentis.

On le devine, un tel appareil végétal, abondamment nourri, est à régler. Livré à lui-même, il s’épuiserait en amoncellement de feuillage et se stériliserait. On le discipline par la taille d’abord, par l’écimage et l’ébourgeonnement ensuite. La taille longue, la taille Guyot est heureusement employée en général : ou simple, avec un courson à deux yeux francs, d’où sortiront le bois de remplacement et la branche à fruits ; ou double, établie sur deux coursons et deux branches à fruits. Cependant, quelques espèces sont à tenir en taille courte, à disposer en « gobelet, » coupe au reste productive, qui les mène longtemps. Les catalogues d’hybrides indiquent la forme à donner au plant, comme