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L’ambassadeur de la Grande-Bretagne, le lieutenant général comte Dundonald, chef de la famille des Cochrane, a également amené sa sœur Lady Cochrane, évoquant ainsi le nom de l’illustre marin qui joua un si grand rôle dans la guerre de l’Indépendance en donnant la maîtrise de la mer à l’escadre chilienne et en assurant le transport de l’armée libératrice de San Martin. Il faut ajouter que les représentants des pays restés Neutres ont rivalisé de courtoisie et d’amabilité ; le nonce apostolique, Mgr Carlos Piétropaoli, auquel le protocole donnait la préséance, s’est montré d’une particulière bonne grâce ; le Comte de la Vinaza, qui représentait le roi d’Espagne, aime à rappeler ses alliances de famille avec la France et tout le plaisir qu’il éprouve à séjourner fréquemment dans notre pays. L’Allemagne avait choisi comme ambassadeur son ministre résidant à Lima, le baron de Humboldt-Dachroeden, diplomate vieilli dans la carrière, que désignait le nom célèbre du savant naturaliste qui étudia particulièrement le Mexique et l’Amérique méridionale ; nous ne nous sommes pas rencontrés au cours des visites que nous avons protocolairement échangées à mon arrivée, et le baron s’est excusé poliment de ne pouvoir se rendre à mon invitation pour la réception à bord du Jules Michelet : là se sont bornées nos relations.

Les ambassadeurs ou envoyés extraordinaires de l’Amérique latine ont saisi l’occasion qui se présentait de témoigner toute la sympathie et toute l’admiration de leur pays pour la France. La République argentine était représentée par Mgr Duprat, et l’éminent prélat, plein d’intelligence et de bonté, se souvient de ses origines françaises et veut bien me le témoigner ; le contre-amiral Montes, qui représente la flotte argentine, se lie avec le contre-amiral Pugliesi-Conti, et le général Carlos J. Martinez a toujours refusé de porter le casque à pointe, rendu réglementaire dans son armée ; c’est un vrai soldat, dont la figure s’orne d’une belle cicatrice rapportée du combat contre les Indiens de Patagonie : ses sentiments pour la France s’expriment avec une éloquence très démonstrative. En arrivant au Callao j’ai fait la connaissance de M. Yturaulde, ambassadeur de Bolivie, qui est un homme politique de grande importance dans cette république ; nos rapports se font plus intimes, et il me transmet l’invitation de son Gouvernement à visiter la Bolivie, et en tout cas sa capitale La Paz : je consulterai mon Gouvernement