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lui, Dr Geley et un autre des assistants (qu’il ne saurait être question de mettre en cause ici) étaient au courant de cette précaution chimique qui avait été prise. Je veux bien le croire. Mais je serais encore beaucoup plus convaincu si on avait pris des précautions telles que le Dr Geley lui-même n’ait pas connu le moyen d’identifier après coup le moule obtenu. Car enfin, et toute personnalité étant mise à part, il est énervant et fâcheux qu’une découverte, qui, si elle est réelle, est une des plus grandes de tous les siècles, ne puisse être admise qu’autant qu’on a une confiance absolue dans la parole de M. X... ou de M. Y... C’est un fâcheux dilemme que celui qui vous impose : ou de croire à un bouleversement de toutes nos notions, ou de croire à une erreur, même involontaire, de la part de M. X... ou de M. Y...

Mais c’est là une critique de détail, — destinée seulement à montrer combien il est dans tout cela difficile d’allumer sa lanterne, — et je veux bien jusqu’à nouvel ordre croire qu’aucun des assistants (presque tous anonymes) ni le médium n’ont introduit subrepticement dans leurs poches ou dans leur vêtement les moules « déposés, » ni qu’un compère habillé en rat d’hôtel n’est entré durant la séance par une trappe habilement dissimulée pour les laisser là

Je veux bien admettre provisoirement la conclusion de la longue démonstration essayée sur ce point par le Dr Geley : à savoir que les moules de paraffine ont été réellement faits pendant la séance et par quelque chose qui s’est plongé dans le baquet de paraffine fondue préparée à cet effet.

Mais quel est ce quelque chose ? That is the question.

Tout le monde est d’accord pour penser qu’avant d’attribuer un effet donné à des causes surnaturelles ou du moins inhabituelles, il convient d’abord de rechercher s’il ne peut pas être dû à des cause déjà connues. Tout le monde est d’accord aussi, — jusqu’à Sir Oliver Lodge lui-même, — pour rechercher d’abord dans les phénomènes médiumniques les possibilités de fraudes et de supercheries.

Ces principes, le Dr Geley n’hésite pas à les appliquer lorsqu’il s’agit de discuter les résultats obtenus dans les séances dont nous venons de parler. S’étant d’abord convaincu, — s’il n’a pas absolument convaincu tout le monde, — que les moules de paraffine recueillis n’ont pu être produits que pendant les séances d’expérimentation, et non pas préparés d’avance et apportés du dehors, il se demanda par quelles sortes de fraude lesdits moules auraient pu être produits dans ces séances.

Procédant par élimination, — ce qui est le procédé logique en