Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/462

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au contrôle du médium, le professeur Richet les précise avec une profonde sagacité. Il en est une cependant au sujet de laquelle, avec tout le respect et l’admiration que je dois à l’illustre physiologiste, je me permets de n’être pas de son avis.

« Il faut, dit le professeur Richet, être absolument sûr de la bonne foi des personnes présentes. » Eh bien ! je dis que c’est là une condition qui empêche les expériences, si on doit les réaliser, d’avoir jamais un caractère rigoureusement scientifique et d’être convaincantes. Si j’assiste à une expérience dans laquelle je suis obligé d’admettre la bonne foi de M. X. ou de M. Y. qui prennent en même temps que moi part à cette expérience, c’est exactement la même chose que si je n’assistais pas à cette expérience, et si je ne la connaissais que par les affirmations de M. X. ou de M. Y. Une expérience, — métapsychique ou autre, — pour être convaincante, devrait, du moins à mon avis, être indépendante de la bonne foi ou de la mauvaise foi de M. X. ou de M. Y. Elle devrait, et ce n’est pas difficile, bien qu’on ne s’en avise généralement pas, être organisée de telle sorte que ses résultats fussent nécessairement indépendants et à l’abri de la mauvaise foi de tous les assistants, et telle que, même si un ou plusieurs des assistants étaient de mauvaise foi, ces résultats ne pussent être différents. Autrement l’expérience ne prouve rien, car on a vu et on voit tous les jours dans le monde, dans la politique, les affaires et même la science des hommes dont tous leurs voisins et amis eussent affirmé sans restriction la bonne foi être pris en flagrant délit de malhonnêteté. Pour être valable, une expérience scientifique, même métapsychique, doit être indépendante de ce qui se passe au fond des cœurs que nul ne peut sonder. Quand Cook ou Peary ont déclaré être allés au pôle Nord, les techniciens ont eu raison de passer outre à la bonne opinion régnante au sujet de la probité de l’un ou de l’autre, et de demander d’abord à examiner leurs carnets d’observations astronomiques, où, s’il y avait supercherie, un œil exercé devait bientôt la découvrir.

Une expérience métapsychique, pour être convaincante, doit être à l’abri de la bonne ou de la mauvaise foi de tous les assistants. Cela