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de M. Thiers de libérer rapidement le territoire lui firent accomplir, de 1871 à 1873, des efforts prodigieux, grâce auxquels il transféra effectivement plus de 5 milliards de francs au vainqueur.

En ce qui concerne la situation actuelle, M. Mac Kenna estime qu’il ne s’agit pas de considérer ce que l’Allemagne produit de richesse, mais d’établir ce qu’elle peut payer à l’étranger. Ne pas s’en préoccuper fut, selon lui, la faute que commirent les auteurs du Traité de Versailles. Personne, dit-il, n’a jamais mis en doute l’immense force économique de l’Allemagne ; mais la production en soi ne suffit pas. Il faut lui trouver des débouchés ; ce n’est qu’avec ses exportations que l’Allemagne peut payer, et ses exportations diminuées au préalable du chiffre de ses importations nécessaires.

M. Mac Kenna rappelle les sommes versées jusqu’ici par l’Allemagne : il calcule qu’elle a payé en tout 10 milliards de francs-or, soit 2 milliards de dollars, dont 1 645 millions en nature et 375 seulement en espèces. Cette remise d’une aussi faible quantité de monnaie est cependant, au dire de M. Mac Kenna, ce qui a causé la chute du mark au centième de la valeur qu’il avait au moment de la signature du Traité de Versailles. Ajoutons que cette chute s’accélère chaque jour : en fait, le papier-monnaie allemand aura bientôt perdu toute valeur.

« Cette baisse a favorisé les exportations allemandes ; cependant elles n’arrivent pas, dit-il, à dépasser les importations. Le Reich est obligé d’importer de la nourriture, du minerai de fer, du charbon. Il ne pourrait devenir créancier de l’étranger qu’en exportant plus d’objets manufacturés. Mais les Alliés défendent leurs marchés intérieurs contre ses produits en élevant leurs tarifs douaniers. Cependant, pour lutter avec l’Allemagne sur les marchés neutres, ils sont obligés d’abaisser les prix de leurs marchandises et de réduire les salaires de leurs ouvriers. »

M. Mac Kenna reconnaît que les Allemands sont moins imposés que les Anglais. Mais il ne voit pas comment une élévation des impôts stimulerait leur commerce d’exportation. Les impôts seraient payés en marks ; que ceux-ci proviennent d’une taxation ouverte ou dissimulée par l’inflation, ils ne constituent pas une monnaie que l’Allemagne puisse offrir à ses créanciers étrangers.

M. Mac Kenna se demande ce que l’Allemagne peut payer.