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1830

6 avril. — Obsèques du maréchal de Gouvion Saint-Cyr.

Le maréchal était mort en Provence et fut transporté dans sa terre de Villiers, près de Neuilly. N’ayant pas d’hôtel à Paris, son corps fut déposé dans l’église de l’hôtel royal des Invalides, pour y recevoir les honneurs dus à son rang-et à sa grande illustration. Le lendemain, après la cérémonie funèbre, ses restes furent conduits au Père-Lachaise, par les boulevards, au milieu d’un grand concours de citoyens de tous les rangs. ! Sa dernière demeure fut choisie auprès de celles de Masséna, Kellermann, Lefebvre, au milieu des illustres généraux, ses compagnons d’armes et ses émules, et peu éloignée de la tombe sans ornement ni inscription du maréchal Ney. Le marquis de Jaucourt, qui avait été ministre de Louis XVIII, le lieutenant-général comte Lamarque et le capitaine Richepanse, de la garde royale, fils du général de ce nom, pupille du maréchal, prononcèrent des discours. Quatre bataillons de la garnison de Paris rendaient les honneurs militaires. Je commandais celui du 15e. Monté à cheval à dix heures du matin. , je n’en descendis qu’il sept, passablement fatigué et exténué de faim.

Depuis ces funérailles, le Gouvernement a adopté l’idée émise par le capitaine Richepanse de déposer aux Invalides les maréchaux décédés pour leur rendre, dans cette église militaire qui rappelle de si beaux souvenirs, les honneurs dus à leur dignité guerrière.

31 mai. — Je vais au Palais-Royal voir l’illumination du Palais et du jardin préparée à l’occasion de la fête que donnait le Duc d’Orléans au roi de Naples, son beau-frère, et à la Cour de France Les officiers supérieurs du régiment y étaient invités, quelques-uns y furent, mais je m’en abstins, d’abord à cause de ma position, et ensuite parce qu’il fallait se mettre en bas de soie, culotte blanche, boucle en or, dépense que je ne me souciais pas de faire pour un ou deux bals de la Cour où j’aurais pu aller. Dès la nuit arrivée, le jardin et la grande cour du palais se trouvèrent, pleins de curieux et en si grand nombre qu’on ne pouvait plus guère circuler, et malgré cela, la foule grossissait à vue d’œil. Je pensai que, si je ne me retirais pas de bonne heure, je ne le pourrais bientôt plus sans de très grandes difficultés. Cette foule