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intervalles et en réserve. Notre premier bataillon en tirailleurs, couvrait le front de la bataille qui faisait face à la Seine. Mon bataillon était à sa place de bataille, à la gauche de la première ligne. On comptait en tout seize bataillons d’infanterie et quatre régiments de cavalerie. L’emplacement et l’ordre de bataille déterminés, on attendit dans cette position l’arrivée du Roi.

A une heure le canon, les musiques, les fanfares et les tambours annoncèrent son approche. Il passa successivement devant le front de bandière des quatre lignes, précédé et suivi d’un état-major innombrable, brillant, riche de broderies et de décorations. Dans une calèche à la suite du Roi étaient la Dauphine, la Duchesse de Berry, Mme de Berry et le Duc de Bordeaux. Dans une autre qui suivait de près la première, se trouvaient les princesses d’Orléans. Le Duc d’Orléans, en costume de colonel général des hussards, et ses deux fils aînés, les Ducs de Chartres et de Nemours, entouraient le Dauphin, le chef de l’Etat. Après quelques passages des lignes et des feux, en avançant et en retraite, on se disposa à exécuter la fameuse manœuvre de Wagram, lorsque l’armée d’Italie, sous les commandements du Prince Eugène et de Macdonald, alors simple général de division, enfonça le centre de l’armée autrichienne et décida de la victoire. Ce grand mouvement stratégique terminé, on défila, la gauche en tête. Par mon rang dans l’ordre de bataille, je me mis en marche le premier et ouvris le défilé.

L’affluence des curieux était prodigieuse, on ne voyait que des têtes dans cette vaste plaine de Grenelle. Tout y fut beau, superbe, majestueux, comme le temps qui concourut à cette brillante revue. La rareté des cris de « Vive le Roi ! » dut faire sentir à Charles X que le ministère Polignac était odieux à la nation. Le maréchal Macdonald, duc de Tarente, major général de la garde, commandait et dirigeait les divers mouvements qui furent tous exécutés avec précision et ensemble.

Mme Barrès s’éteignait, le 25 novembre, en pleine jeunesse, veillée par son mari jusqu’au dernier moment. Les obsèques furent célébrées à Saint-Jacques-du-Haut-Pas. La seule consolation de Barrès, c’est sa tendresse pour le jeune fils en qui il est assuré de trouver un jour a un ami pour lui rappeler les mérites de celle qui lui restera chère à tout jamais. » Après une quarantaine de jours passés à Charmes, il est de retour à Paris en janvier 1830.