Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/395

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gage de la meilleure des épouses viendrait bénir les liens qui nous unissaient.

Bientôt et comme pour sceller son bonheur, Barrès reçoit, à Nancy, la nouvelle d’un avancement depuis longtemps attendu :

Le dimanche 18 novembre, au moment où l’on allait défiler après une revue du maréchal de camp commandant le département, le colonel reçut une lettre de M. O’Neill qui lui annonçait que j’étais nommé chef de bataillon à la date du 14 novembre pour le 3e bataillon qu’on allait organiser. Cette agréable nouvelle me fut communiquée immédiatement ainsi qu’à ma femme, qui se trouvait sur la place Carrière où la troupe était réunie. Les compliments qui lui furent faits en cette occasion et la joie qu’elle en éprouva doublèrent la mienne.

C’était beaucoup d’être nommé chef de bataillon, de l’être au choix, — j’étais le 100e capitaine d’infanterie au 1er janvier 1827, — et dans son régiment, de n’avoir pas à faire de nouvelles connaissances, ni à changer d’uniforme, et surtout de ne point voyager dans un moment où ma femme no le pouvait pas. Enfin je continuais à servir sous les ordres du colonel Perrégaux dont j’avais tant à me louer depuis 1813 et je ne quittais pas une ville que j’affectionnais pour son agrément et son voisinage de Charmes.

Pendant le mois de décembre, je m’équipai, je reçus des visites, des sérénades, et donnai un grand dîner à la majeure partie des officiers. Tout cela, y compris l’achat d’un beau cheval de selle, me coûta beaucoup d’argent, mais je ne le regrettai pas : il me semblait que je ne pouvais payer trop cher l’avantage et la satisfaction de mon nouveau grade. Quel changement dans ma position ! quelle différence dans le service !

Cependant, le 10 avril 1838, le régiment partait pour Lyon Mme Barrès, restée à Charmes, met au monde, le 12 mai, un fils, qui reçoit les prénoms de Joseph-Auguste. Au moment où il arrive, Barrès trouve sa femme gravement malade d’une inflammation du rein droit : elle put être sauvée mais resta dans un état de faiblesse des plus inquiétants.

Le début de 1829 lui apporte une nouvelle tristesse : il a la douleur, le 28 janvier, d’apprendre la mort de sa mère, décédée à Blesle à l’âge de 77 ans. Il se rend auprès des siens et passe quelques jours auprès de sa sœur, « à évoquer les temps insoucieux de l’enfance. La tombe s’est fermée, dit-il, sur mes bons