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assez en rapport avec le mien, me firent impression. Huit jours restés dans cette ville et une fréquentation journalière m’amenèrent à panser à ce qui m’avait le moins occupé jusqu’alors, au mariage. J’en parlai à mon ami, qui approuva mon projet de demande, et ensuite, à ma rentrée à Nancy, à sa belle-mère, qui me fit espérer que mes vœux pourraient être favorablement accueillis. Bref, après quelques lettres écrites, dont une par mon excellent colonel, je fus autorisé à me présenter. J’arrivai le 9 mai, je fis la demande le 10, et grâce aux personnes qui s’intéressaient à mon succès, toutes les difficultés furent aplanies, les arrangements convenus et le jour du mariage fixé au 3 juillet.

Dès ce moment, je songeai sérieusement aux engagements que j’allais prendre, aux obligations que ma nouvelle situation devait m’imposer, aux démarches à faire pour obtenir toutes les pièces qui m’étaient nécessaires pour contracter cette union. Dans cet intervalle, je fis plusieurs voyages à Charmes pour faire ma cour et me faire connaître de celle qui devait devenir ma compagne. Je fus une fois la prendre pour l’accompagner à Nancy avec sa mère pour les emplettes d’usage. Enfin, le 30 juin, je quittai mes camarades de pension pour ne plus manger avec eux.

3 juillet. — Célébration de mon mariage avec Marie-Reine Barbier. Je n’ai jamais, je crois, trouvé le temps aussi long que depuis le jour où je fus admis à présenter mes hommages, jusqu’à la date qui scella mon bonheur. Être l’époux de la femme qu’on recherche, sentir pour la première fois trembler sa main dans la vôtre, penser que des liens sacrés et doux vous unissent à jamais, quand on a le pressentiment que ces chaînes qu’on s’impose seront légères à porter, c’est un beau jour de la vie, c’est ce que je considérai comme devant faire mon bonheur. Le colonel et le capitaine Chardron assistèrent b mon mariage, qui fut célébré avec dignité et convenance. Aucun membre de ma famille n’y assista, à cause de l’éloignement.

Le 6 juillet, nous fûmes en famille chez un des oncles maternels de ma femme, maître de forges près de Rambervillers et qui par la suite allait être député des Vosges, M. Gouvernel. Le 8, nous étions de retour ; le 11, nous partîmes pour Nancy où nous entrâmes à notre grande satisfaction dans notre petit ménage. Peu de semaines après, quelques symptômes pleins d’espérance nous annoncèrent que notre union prospérait et qu’un nouveau