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d’Artois, et à Madame la Duchesse de Berry, près de laquelle était le Duc de Bordeaux. Le lendemain 4, le Roi nous reçut. Le 15 août, nous bordâmes la haie sur le quai de la Cité (quai Napoléon) pour le passage de la procession du vœu de Louis XIII où se trouvaient Monsieur et les princesses de la famille royale.

Le 25 août, je fus reçu chevalier de Saint-Louis par le colonel Perrégaux et immédiatement après, nous allâmes présenter nos hommages à Louis XVIII, à l’occasion de sa fête. Tous les officiers de la garde royale, de la garnison et de la garde nationale, se réunirent dans la grande galerie du Louvre avant de défiler devant le trône. Je vis le Roi affaissé par l’âge et la maladie, la tête pendante sur ses genoux, ne voyant ni ne regardant rien. C’était un cadavre devant lequel on passa sans s’arrêter. Il était entouré d’une cour splendide où la richesse des costumes, la variété des couleurs, la beauté des broderies, la multitude et l’éclat des décorations offraient un coup d’œil des plus saisissants. Nous pûmes croire qu’avant peu de jours nous assisterions à des funérailles royales. Elles n’eurent lieu pourtant que l’année suivante.


LES DUCS DE LORRAINE.

Séjour dans le Nord, à Dunkerque, Lille, Gravelines. Au camp de Saint-Omer, des grandes manœuvres permettent à Barrès de faire apprécier l’instruction et la tenue de ses troupes. Première tentative faite pour établir une communication directe entre Dunkerque et la côte anglaise par bateaux à vapeur : l’entreprise ne réussit pas, faute de passagers. Rencontre de deux officiers anglais qui avaient gardé Napoléon à Sainte-Hélène. « Tout ce qu’ils me racontaient me navrait de douleur et m’attachait à eux, en même temps que je les maudissais d’avoir contribué pour leur part à river ses fers. » Barrès a l’occasion de passer en Belgique, à Ypres, avec ses camarades en uniforme, « Nous fûmes salués avec respect par tous les habitants que nous rencontrâmes et engagés à déjeuner. Ils nous prouvèrent qu’ils se rappelaient qu’ils avaient été français du grand peuple. » De là il est envoyé à Nancy, où l’attendait l’événement qui allait transformer sa vie :

J’arrivai à Nancy le 17 octobre 1826 pour y rester jusqu’au 10 avril 1828. C’est la garnison lapins agréable et une des meilleures de France. Les femmes de Nancy sont citées, pour