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1650 environ. Avant cette date, le nom des Bossuet où de leurs « alliés » ne se trouve dans aucune de ces œuvres qui, en Bourgogne à peu près autant qu’en d’autres provinces de France, manifestèrent l’efficace réveil. Il ne parait donc pas qu’il y ait eu chez eux, antérieurement à la génération à laquelle Bossuet appartient, l’ardeur mystique au degré supérieur, l’intensité et l’intransigeance de piété qui dépasse l’orthodoxie courante et dont certaines familles de Normandie, de Picardie, du Maine nous montrent, en celle première moitié du XVIIe siècle, la surexcitation expansive.

En revanche, la « vie politique » les rallie presque tous. Ses écueils, ses naufrages (et l’on sait combien sous Richelieu, Mazarin, Colbert, il y en eut, et d’illustres) n’effraient pas la solidité de leur jugement et la prudence de leur sens pratique. Les Bossuet, les Mochet, les Humbert, les Bretaigne acceptent, cherchent les fonctions publiques, qu’elles soient gouvernementales et distribuées par la Cour, ou municipales et électives. Seulement, dans les conflits qui se produisirent alors si fréquents, surtout dans un « pays d’Etats » comme la Bourgogne, entre les restes de féodalité et d’autonomie communale et l’empiétement insinuant ou rude du pouvoir unifiant et absolu, ils optent vite. Plus d’un parmi eux, après avoir commencé par servir « la Ville, » la Province, les États, finit par s’attacher, au contraire, à la Cour, à la Monarchie centralisatrice, à l’Etat. Préférences calculatrices ? Comparaison d’appointements ? Peut-être. Mais de certains de leurs actes et de quelques-uns de leurs propos conservés, il ressort qu’il y avait aussi, de leur part, conviction, et que, comme la majorité de leurs concitoyens en Bourgogne, ils jugent qu’il ne faut plus de ces désordres, ou même de ces indépendances, qui « font ruiner le monde ; » que le devoir présent est de se rallier, au prix même de sacrifices, à la royauté restauratrice et garante de la tranquillité publique. . Cette conviction leur tient assez au cœur pour s’attester, aux heures de lutte, par de méritoires vaillances.

Et telles sont, ce semble, les principales qualités, les manières coutumières de sentir, de penser et d’agir qui, par des exemples assez nombreux pour être probants, s’affirment chez les ancêtres plus ou moins distinctement connus de Bossuet. Telles sont les tendances générales ou les permanentes directions