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personnels. Or là encore saint Augustin s’interpose et réclame sa part. C’est à lui que ce tableau est pris, et, quelque regret qu’on en puisse avoir, il n’est point permis de transformer un emprunt en une confidence.

Vraiment donc, de tous les parents qui ont environné son enfance et surveillé ses premières années, il n’y a que l’oncle paternel, dernier venu, dont le contact moral, la camaraderie intellectuelle aient laissé en lui des traces conscientes, un souvenir reconnaissant et même une image tendre... Pour tous les autres, père et mère compris, la collaboration qu’ils purent avoir, jusqu’à la quinzième année de Bossuet et à son départ pour Paris, dans la vie quotidienne, à la formation de son être, rien ne nous permet de la déduire de ce qu’ils firent : il nous faut l’induire de ce qu’ils furent, ou, pour parler plus modestement, de ce qu’ils semblent avoir été.


II. — LES ANCÊTRES DE BOSSUET DEPUIS LA FIN DU XIVe SIÈCLE

Plus encore, naturellement, que la famille immédiate et prochaine, flottent, confus dans la pénombre des documents fortuits, les ascendants antérieurs de Bossuet, quoique maintenant, grâce aux exhumations érudites, nous remontions jusqu’au commencement du XVe siècle, dans l’une au moins des deux lignées généalogiques. Commençons par la ligne maternelle, puisque les physiologistes nous enseignent que c’est celle-là qui, en matière d’hérédité, importe le plus.

Du côté de Marguerite Mochet et de ses ancêtres maternels, ce sont les Humbert, dont l’un, Marc, est, à la fin du XVIe siècle, maître ordinaire à la Chambre des Comptes de Dijon, office que ses deux frères recueillent successivement, après qu’il fut mort d’une blessure reçue à un assaut de Seurre, en 1395. Un Nicolas II Humbert est, à la mort de Henri IV, vicomte-maieur de Dijon [1].

Quant aux ancêtres paternels de la mère de Bossuet, on les saisit plus haut, et un peu plus solidement, dans le passé. Les Mochet viennent, à l’origine, de « la Comté » de Bourgogne, de Poligny, sur tes premiers plans du Jura. Famille

  1. Voyez l’abbé J. Thomas, pp. 170, 173, 35, 36,37, 65,66, etc. « Le nom s’écrit diversement : Mouchet, de Mouchet, puis Mochet et du Mochet, toujours avec armoiries parlantes : de gueules à trois émouchets d’argent. »