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de cette ville une contribution aux gages de ce Parlement qu’elle n’a plus chez elle ; enquête à Nancy sur les menées du duc de Lorraine, Charles IV ; tournée dans toutes les villes du ressort pour arrêter l’exécution de la Ferme du Sel, impopulaire ; démarches, à six ou sept reprises, à Paris, à l’effet d’obtenir de la Cour le retour du Parlement à Metz ; — enquêtes judiciaires et répressives : à Nomény par exemple, contre un lieutenant du gouverneur inculpé d’attentat à main armée ; — missions enfin d’organisation administrative de longue durée, lorsque, en 1658, âgé déjà d’environ soixante-six ans, et goutteux, il accepte d’être attaché à Charles Colbert, président du Conseil souverain établi en 1657 à Einsisheim, frère de Jean-Baptiste le futur ministre et d’un autre Colbert, intendant d’Alsace. Bénigne est un très mobile magistrat, fréquemment à cheval sur les routes, et sur ces routes infestées, accompagné, plus d’une fois, d’escortes militaires.

Là d’ailleurs, où il réside, à Dijon d’abord, puis à Toul, puis en Alsace, puis à Metz, il soigne ses intérêts, et, bien justement, avec sa nombreuse famille et le peu de fortune personnelle que lui et sa femme, ayant eux-mêmes plusieurs frères ou sœurs, ont apportée à la communauté. Des ressources et débouchés qui s’offraient en ce temps-là à un bourgeois fonctionnaire, il est alerte à profiter. A Dijon, il procure, dès 1638, à l’aîné de ses fils, Claude, âgé de dix ans, un canonicat de l’église cathédrale, qu’il lui fera retrouver en 1640, par permutation, à Toul. A Toul, il met sa dernière fille aux Dominicaines et la destine à y rester. En Alsace, s’il s’attache un temps à Charles Colbert, c’est que celui-ci « procure aux employés dont il a besoin beaucoup d’avantages au delà de ceux que le Roi leur donne, » et que ledit Colbert, lui-même, ajoute à sa fonction officielle de haut magistrat le rôle, apparemment plus lucratif, de « gérant, » sur les lieux, des biens que le cardinal Mazarin s’est assurés aux bords du Rhin. A Metz, Bénigne a pris pied avant d’y revenir : d’abord, en acquérant une maison que trouvera toute prête, en 1652, son fils Jacques Bénigne, — ensuite en ménageant à ce fils, alors âgé de quinze ans à peine, une place dans le chapitre de l’église cathédrale. — D’ailleurs, à Metz pas plus qu’à Toul, il ne se dérobe à la besogne. Dans la plupart des dossiers d’archives qui subsistent encore, son nom figure, nous dit-on. Peut-être même s’offre-t-il aux besognes en