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obscures et opposées entre elles, exprimerait-il une volonté claire ?

Votre Altesse, qui n’a pas commis les fautes qui ont amené cette situation, saura remplir les devoirs de la position grande, nais difficile que le sort lui a faite. La Vérité à mes calomniateurs est une page décisive. Je suis bien fier de l’avoir reçue de Votre Altesse. Dans ces tristes jours, Votre Altesse a su, à chaque heure, faire son devoir, quelque pénible qu’il fût ; en se bornant à publier les pièces officielles, Votre Altesse a su donner à son apologie une force toute particulière. Cette grande et loyale fidélité à l’Empereur, dont Votre Altesse ne s’est pas départie un moment, est, en notre triste siècle, comme un souvenir d’un autre âge, d’un âge meilleur.

Nous partirons le 14 de ce mois, ma femme et moi, pour notre petite promenade d’un mois à Venise. Nous aurions répondu à la permission que nous adonnée Votre Altesse d’aller lui présenter nos devoirs, ainsi qu’à Mme la princesse Clotilde, si nous n’avions avec nous, en allant, mon beau-frère, Arnold Scheffer, que sa santé affaiblie oblige d’aller passer l’hiver à Venise.

Nous irons par la route la plus directe. Nous n’avons pas encore de plan arrêté pour le retour ; si cela m’est possible, Votre Altesse peut croire que je ne perdrai pas l’occasion de passer par Prangins.

Agréez, Monseigneur, l’expression du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être

De Votre Altesse, le très dévoué serviteur.

E. RENAN.


A Ernest Renan


Prangins, 30 novembre 1871.

Mon cher monsieur Renan,

J’ai tardé à vous répondre, vous sachant absent, et voulant lire et méditer votre travail dont je n’ai reçu que la première partie ; je vous suppose de retour ; moi-même, je pars avec ma femme pour passer quelques semaines en Angleterre.

Vos belles pages philosophiques m’ont vivement intéressé, mais elles contiennent tant et tant de questions, d’indications, de solutions, qu’il faut du temps pour s’en former des idées