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universelle dans la ville de Rome devenue la capitale d’un Etat particulier : la conséquence de la constitution du royaume d’Italie, c’est le départ de la papauté. Pour Dieu ! qu’ils la laissent partir, et ne se mettent pas, comme ils firent lors du grand schisme, à courir après elle.

J’ai beaucoup travaillé en ces derniers temps, et fort avancé mon quatrième volume des Origines du Christianisme, consacré à Néron, à l’Apocalypse, à la prise de Jérusalem. Quoique mes souvenirs de Rome soient très précis, j’ai éprouvé cependant, plus fortement que jamais, en écrivant ce volume, le désir de revoir cette ville extraordinaire. Nous y ferons probablement un petit voyage vers le mois d’octobre. Si Votre Altesse était à cette époque à Prangins, je lui demanderais la permission d’aller lui présenter mes devoirs. Il y a tant de choses que les lettres ne comportent pas et qui n’appartiennent qu’aux libres entretiens !

Veuillez, Monseigneur, agréer l’assurance du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, de Votre Altesse, le très dévoué serviteur.

E. RENAN

Si Votre Altesse n’a pas encore le volume de Mélanges de M. Strauss, entête duquel j’ai mis une préface, je le lui ferai expédier par mon éditeur, ou par le traducteur, M. Charles Ritter, qui demeure à Morges.


A Ernest Renan.


Londres.

Mon cher monsieur Renan,

J’ai reçu votre dernière lettre au moment de quitter Prangins. Ma destinée voyageuse m’a amené à Londres pour des affaires, j’en repars dans quelques jours, et c’est à Prangins qu’il faut me répondre. Si vous et Mme Renan vous serez bien reçus à Prangins, vous n’en doutez pas, j’espère ! Quand vous irez en Italie, arrêtez-vous donc chez nous, j’y compte. Que de jolies promenades nous vous ferons faire ! Notre pauvre pays n’est pas en train de se remettre ; tel que les malades qui n’ont pas même la force de suivre un traitement, il reste où il est ; le pays garde ce qu’il a ; ce n’est pas même un provisoire, c’est un fait,