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autorise de tout mon cœur à donner copie de ma lettre à M. Renan ; mais ce n’est qu’une lettre, et je ne sais pas me résumer, mon jugement est donc très incomplet, et ne va pas au fond des choses. »

Voici sa lettre [1] :

« Je voudrais bien causer avec vous de votre élection : il y a des esprits étroits et égoïstes, je désire vous voir nommer pour notre cause et nos idées, bien plus que pour vous. J’ai un plan de conduite. Venez, je vous prie, en parler avec moi. Par caractère, j’aime peu les-conseils, je crois qu’il faut agir par ses propres inspirations plus que d’après celles des autres, fussent-ils amis. Je vous développerai ce que je crois utile. Recevez, monsieur, l’expression de tous mes sentiments d’affection.

« Votre tout dévouée. »


A S. A. I. le Prince Napoléon.


Paris, 18 octobre 1864.

Monseigneur,

Puisque Votre Altesse me l’a permis, je me permets de lui exposer en peu de mots ce dont j’ai eu l’honneur de l’entretenir ce matin, relativement à mon désir de faire quelques nouvelles fouilles en Syrie.

Il ne s’agit pas d’une mission, ni d’une continuation de mission. Faisant un voyage tout privé pour mes travaux personnels, et passant très près du théâtre de mes anciennes fouilles, j’éprouve le désir de reprendre, sur un seul point, des recherches que, par des circonstances indépendantes de ma volonté, je dus laisser inachevées. Pour cela, je ne demande aucun secours pécuniaire. Un certain appui, de la marine seulement, me serait nécessaire. Et d’abord, l’enlèvement des objets trouvés serait impossible, si un navire de l’Etat ne venait les prendre. En outre, le point où je désire faire cette nouvelle fouille (Oum-el-Awamid, entre Tyr et Saint-Jean-d’Acre) est isolé, peu sûr, entouré de populations hostiles à la France. Je doute que je puisse m’y installer, si je ne suis amené par un navire de l’Etat. Si la marine pouvait me donner quelques hommes pour

  1. Voir La lettre de George Sand au prince Napoléon du 19 novembre 1863. Correspondance, t. IV, p. 364 et suiv. Cette lettre était une critique, — ou une apologie, — de la Vie de Jésus.