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droits des États en général et de la Bavière en particulier. Finalement, l’accord se fait.

Mais, pour les monarchistes, à quoi servirait l’accord ? A ramener le calme, donc à consolider la République et, par suite, à compromettre le retour de la monarchie ; ce n’est pas ce qu’ils veulent. Un des leurs, député, avait déjà dit : « Le parti populaire bavarois a pour tâche actuelle d’examiner de quelle façon et par quels moyens il doit lutter contre la dictature berlinoise ainsi que, » — la différence est pour lui inexistante, — « contre la dictature du prolétariat. » L’opposition monarchiste ne désarme donc pas, et nous pouvons être assurés qu’elle ne désarmera pas. Elle entend arriver à ses fins ; rien ne l’arrêtera. La guerre est déclarée par les réactionnaires bavarois au régime républicain [1].

Si l’on en veut d’autres preuves, point n’est besoin de les aller chercher bien loin. Lorsque le baron Léoprechting qui avant d’habiter Munich, avait pris une plus ou moins grande part au coup d’Etat de von Kapp, fut convaincu d’avoir servi d’informateur au ministre du Reich en Bavière, — le comte Zech, — on le condamna pour haute trahison. Interpellé à ce propos par les socialistes, Lerchenfeld déclara qu’il avait déjà fait des représentations à Berlin et qu’en tout cas il considérait la présence du comte Zech à Munich comme désormais inutile Il ajouta qu’il espérait bien voirie Reich ne plus solliciter de ses agents des rapports secrets sur la Bavière, « de tels procédés ne se pouvant admettre que vis-à-vis d’un Etat étranger. » Zech, après une courte absence, est rentré à son poste, mais tout porte à penser qu’il n’y vieillira pas.

La comparaison entre les visites que firent à Munich, à quelques semaines d’intervalle, le président Ebert et le maréchal Hindenburg, offre aussi un bien instructif contraste. Sans doute, lorsque vint le Président, les personnages officiels ne se montrèrent pas discourtois et le sujet de leurs discours était tout indiqué : union des Etats et du Reich. Mais l’attitude de la population fut bien différente. La nouvelle de la visite déchaîna les

  1. Il est juste de dire que communistes et socialistes indépendants ne sont pas sans quelque responsabilité en cette affaire. Leurs appels à la révolution sociale ont pour effet certain d’incliner vers les partis de droite tous les adversaires du désordre et, en Bavière, le règne de Kurt Eisner a laissé un tel souvenir que son retour est envisagé comme une insupportable calamité.