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de l’ordre en Bavière ; la surexcitation y est grande et, si tout accord était réellement impossible, il ne prendrait pas la responsabilité des graves événements qui se produiraient infailliblement ; or, il veut bien s’entendre, mais a la condition que Les Etats confédérés aient leurs droits souverains sauvegardés dans le présent et qu’on ne les supprime ou ne les modifie désormais qu’avec leur préalable assentiment. »

Appelé à Berlin pour conférer avec Ébert et Wirth, il emmène son ministre de l’Intérieur et son ministre de la Justice. Il a l’intention de demander que la Bavière reste maîtresse de sa justice et de sa police, ce qu’il espère assez facilement obtenir, mais il voudrait aussi que la Constitution fût amendée dans un sens fédéraliste, c’est-à-dire que 14 voix suffisent dorénavant au Reichsrath — la part de la Bavière est déjà de 10 — pour faire repousser toute modification à la Constitution.

Sur le premier point, l’entente se fait et tout semble réglé, car la seconde prétention est évidemment insoutenable, tant une Bavière de 7 millions d’habitants seulement prendrait d’importance dans un Reich qui en compte plus de 60 [1]. Rien au contraire n’est fini, parce que Lerchenfeld n’a pas de pleins pouvoirs ; il doit retourner à Munich pour consulter et son Gouvernement et ses chefs de partis.

Or, s’il est approuvé par le premier [2], les autres ne sont pas satisfaits. Ils refusent de le suivre et se livrent à une active propagande auprès des paysans pour leur prouver que l’adoption du texte de Berlin, même amendé, serait le signal de l’expulsion des Wittelsbach. Les manifestations se multiplient ; on parle de plébiscite ; des placards injurieux pour le Reich sont affichés et répandus dans la foule, distribués dans le Parlement ; des manifestants qui soupçonnent le Landtag de vouloir sanctionner l’accord de Berlin, envahissent l’assemblée aux cris de « démission ; » repoussés par la police, ils se ruent, — drapeaux et

  1. La Haute-Cour comprendra une Chambre spéciale à l’Allemagne du Sud ; les policiers du Reich qui auront à enquêter dans un Etat s’y devront tenir en étroit contact avec ceux de cet État ; ils n’auront même à intervenir que dans les affaires graves intéressant la collectivité. Pour le choix des juges de la Cour de justice, on ne tiendra compte que de l’aptitude. Enfin les membres des ex-familles régnantes ne pourront être expulsés qu’en cas de récidive. La rétroactivité des lois est abandonnée.
  2. Le seul ministre démocrate a démissionnée ; il a été aussitôt remplacé par un réactionnaire modéré.