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qui avaient approuvé les lois sur la défense de la République dont nous aurons bientôt à parler : « Les nationalistes qui, depuis la Révolution, ont assassiné des républicains n’ont agi que par idéalisme... et aussi pour maintenir les organisations militaires édifiées pour la défense de la Patrie. »

Le Gouvernement central étant républicain, et même quelque peu socialiste, c’est-à-dire révolutionnaire, donc bolchéviste, les Bavarois, par réaction, exagèrent leurs sentiments monarchistes. Ils ne perdent aucune occasion de manifester en faveur de l’ancienne famille royale. Lorsqu’on présence du Gouvernement, l’Université de Munich fêta son quatrième centenaire, l’assistance, qui se composait en majeure partie d’étudiants et d’officiers, — dont le général commandant la Reichswehr, — réserva une enthousiaste ovation à « son cher kronprinz Ruprecht, » et le ministre de l’Instruction publique en exercice se fit l’apologiste des Wittelsbach. Le jour des funérailles de l’ex-roi Louis III, tous les princes furent l’objet des plus grands égards de la part des ministres et des hauts fonctionnaires, sans parler de la foule des gens énergiques qui demeurent en Bavière pour y conspirer contre la République. Vers le milieu de juin dernier, les paysans du haut pays réclamaient ouvertement le rétablissement de la royauté aux cris de « Vivat Rupertus ! » Le plan était fait ; d’aucuns prétendent même que la date du coup d’État était fixée : 28 juin. Par l’assassinat de Rathenau (24 juin) et la vague d’indignation qu’il souleva dans une grande partie de l’Allemagne, contribuèrent à faire retarder l’échéance. Le 27, à un congrès comprenant les représentants de plus de 500 groupes monarchistes, le conseiller de commerce Zenz fut obligé de faire la démonstration de l’inopportunité de l’heure et, comme on lui faisait remarquer que les paysans pourraient bien ne plus être retenus, il dit : « Faites-les patienter, ce n’est que partie remise. » Le 28 juillet, quand les quelques socialistes du Landtag réclamèrent l’expulsion des membres de l’ancienne famille régnante, le rapporteur fit rejeter la proposition en prouvant surabondamment que les Wittelsbach avaient droit à la reconnaissance du peuple bavarois et que nulle loi, fùt-elle d’Empire, n’étoufferait ce sentiment dans les cœurs.

A la fête du 15e régiment d’infanterie , à Neuburg, Ruprecht fut salué par l’ancien colonel du titre d’Altesse royale, la