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de « Sauvegarde de l’honneur » et se sont efforcées, en mars et avril derniers, de provoquer dans toute l’Allemagne, et notamment à Munich, sous l’égide de Bismarck, d’importantes manifestations monarchistes. Une revue intitulée Armée allemande a été fondée en vue de maintenir vivace le souvenir de la gloire militaire de l’armée et de la marine impériales et de resserrer les liens unissant leurs anciens membres.

Quant à la « Fédération des soldats nationalistes, » au « Casque d’acier » et autres associations du même genre, — car il en existe beaucoup d’autres, — elles sont toujours prêtes, de même que les corps francs qui n’ont disparu qu’officiellement : corps Rosbach et Oberland, brigade Ehrhardt (devenue Organisation Consul, quoiqu’on nie), à fournir de ces détachements plus ou moins importants, mais toujours bien armés que nous avons vus récemment opérer, — avec quelle audace et quelle organisation ! — en Haute-Silésie. Le meurtre même ne les effraie pas.

Or, la Bavière est la terre de prédilection de toutes ces sociétés dont l’action reste toujours plus ou moins occulte. C’est là que se sont réfugiées toutes les personnalités qui, en d’autres Etats, pourraient avoir à craindre les indiscrétions de magistrats trop zélés ; c’est de là qu’elles donnent leurs instructions ; elles y sont sûres de pouvoir se livrer à leurs intrigues, qui ailleurs seraient probablement considérées comme séditieuses. Lorsque le Gouvernement bavarois fut sommé par le Reich, — lequel en était lui-même activement sollicité par la Commission de contrôle interalliée siégeant à Berlin, — de dissoudre les Einwohnerwehren et l’Orgesch, il résista longtemps et, s’il consentit finalement à la dissolution, c’est après avoir trouvé le moyen de laisser ses prétendues victimes subsister sous d’autres noms et avec un caractère moins apparent. Quant au désarmement, il l’effectua à sa manière, c’est-à-dire qu’il profita très habilement de la circonstance pour faire rendre leurs armes aux seuls groupements soupçonnés de pactiser avec la République ; aux autres il laissa le temps et les moyens de tout mettre en lieu sûr, même hors de la frontière bavaroise.

La République, en effet, voilà l’ennemi. Et cela parce que tout Bavarois bien pensant identifie république et bolchévisme dont il a horreur. Contre lui, tout moyen est licite. On a pu entendre au Landtag un orateur du parti populaire désavouer de la manière suivante ses coreligionnaires politiques du Reichstag