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les cadres spécialistes de la Reichswehr, si la levée en masse venait à être ordonnée. Certains journaux de droite ont même été jusqu’à réclamer sa convocation périodique, afin de la maintenir en constant état d’entraînement. Naturellement, le Gouvernement, sans parler de certains personnages opulents, lui vient pécuniairement en aide. N’est-il pas juste qu’elle soit rémunérée des services rendus ou à rendre ? Aussi le nombre de ses adhérents va-t-il sans cesse en croissant et ses tendances s’orientent-elles de plus en plus vers la réaction [1].

A côté de ces organisations à caractère nettement militaire, il en existe une foule d’autres qui tendent indirectement au même but : Unions d’anciens combattants, Associations régimentaires, Ligues ou Associations nationales d’officiers, Fédérations de soldats nationalistes, Casque d’acier, etc. Toutes semblent avoir pour unique objet le développement de la solidarité entre leurs membres, mais le Reich n’a pas manqué de tirer parti d’une aussi excellente occasion pour bâtir un système de mobilisation acceptable, à défaut des procédés normaux qu’il ne peut plus employer. Dans chaque régiment de la Reichswehr, une unité : compagnie, escadron, batterie, est officiellement dépositaire de la tradition d’un corps de troupe de l’ancienne armée. L’unité de tradition entretient avec la société régimentaire correspondante des relations étroites qui se traduisent par des réunions communes où, pratiquement, le régiment se trouve reconstitué, hommes et cadres. On y peut même, avec un peu de doigté, passer une revue d’appel, éliminer les soldats trop âgés ou les classer dans des unités territoriales, remplacer les disparus, établir, en résumé, le contrôle nominatif du régiment mobilisé et des formations auxiliaires auxquelles il donnerait naissance en cas de levée générale. Il va sans dire que tout prétexte est bon pour provoquer de ces rassemblements où, si l’on prépare en secret la mobilisation, on ne se gêne nullement pour faire publiquement de la politique nationaliste, exalter les sentiments patriotiques, prêcher la revanche, regretter le régime impérial et en souhaiter la résurrection.

Les ligues d’officiers opèrent un travail analogue. Elles se sont récemment agglomérées en une fédération portant le titre

  1. Les Einwohnerwehren ont été dissoutes, mais elles se sont reformées sous différentes formes : Burgerwehr, pompiers, sociétés sportives, etc. La Technische Nothitfe existe toujours.