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L’ACTIVITÉ
DE LUDENDORFF

Pour n’être plus en activité de service, le général Ludendorff n’en reste pas moins actif. Après la guerre, alors que la révolution prenait mauvaise tournure et menaçait de dévorer ceux qui, comme lui, avaient joué naguère un rôle politique trop marqué, il chercha refuge en Suède. Il y composa ses « Souvenirs de Guerre, » qu’il publia dès 1919, comme s’il avait hâte de démontrer que la défaite allemande ne pouvait être imputable qu’à ses alliés, à son Gouvernement, à son Parlement, à tout enfin, sauf à ses propres faiblesses. Plus tard, lorsque Berlin fut rentré dans le calme, il réintégra son domicile. Il n’y demeura que peu de temps, mais ce fut assez pour que sa main pût se reconnaître dans le coup d’Etat manqué de von Kapp de mars 1920 ; après quoi, il se dirigea vers la Bavière et s’installa définitivement à Munich.

Il y habite, au Sud de la ville, le faubourg de Ludwigshöhe ; c’est un quartier de gens riches où banquiers, hauts fonctionnaires en retraite, commerçants d’importance, conseillers de toute espèce, possèdent des villas ; la sienne est la plus belle.

Qu’y fait-il ? Mais d’abord, pourquoi ses préférences se sont-elles portées sur Munich plutôt que sur toute autre ville de l’Allemagne ? Y possédait-il des proches parents, des amis préférés ? Non. Jadis y avait-il tenu garnison et gardait-il de ce passé un souvenir particulièrement attachant ? Pas davantage. Alors ? Alors la question se pose de savoir si Munich n’offrirait pas cette particularité d’être la seule grande ville du Reich où certaines