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décidés à le tenir loyalement. » Il n’en fallut pas plus. La candidature de l’Allemagne ne lut pas posée ; elle s’était jugée elle-même. Est-ce pour cela que M. Lloyd George, dont la venue à Genève était annoncée, dont le logis était préparé, a soudainement renoncé à son voyage ? Quelques jours après, la Hongrie fut admise à l’unanimité dans la Société des nations. Le comte Banffy, son représentant, donna « solennellement. » avec une grande loyauté, toutes les garanties réclamées par le pacte. Désormais, le précédent est établi : on ne pourra plus demander l’entrée dans la Société des nations sans renouveler, en termes précis et avec tous les signes extérieurs de la bonne foi, le respect des engagements internationaux.

Exprimant à M. Hanotaux, le 5 octobre, dans une très belle lettre officielle, les félicitations et les remerciements du Gouvernement, M. Poincaré a résumé en quelques mots les grandes questions résolues ou abordées tant par l’Assemblée que par le Conseil : « Grâce à vos efforts persévérants, à votre autorité personnelle sur les délégations étrangères, vous avez pu faire prévaloir les vues du Gouvernement de la République dans des affaires aussi importantes que délicates, telles que, notamment, la question si grave du relèvement de l’Autriche, celle des Lieux-Saints que vous avez réussi à acheminer vers une solution que nous pouvons espérer satisfaisante, celle du désarmement, où vous avez fait preuve, dans les conclusions que vous avez présentées au Conseil, d’une prudence conforme aux intérêts essentiels de la France. »

L’œuvre principale de la session du Conseil a été la reconstitution financière de l’Autriche. La Conférence de Londres en avait, sur l’initiative de M. Poincaré, renvoyé la solution à la Société des nations ; elle s’est mise à l’œuvre d’urgence, avec le concours loyal de Mgr Seipel, chancelier d’Autriche. Lord Balfour, avec son sens si élevé des intérêts européens, a pris à cœur le succès de l’entreprise dès qu’il l’a cru possible ; les délégués des États successeurs, et particulièrement M. Benès pour la Tchéco-slovaquie, ont apporté à l’œuvre le plus loyal et actif concours. La méthode a été établie, l’argent garanti (650 millions de couronnes-or) grâce auquel le cours de la couronne va se stabiliser et les réformes se réaliser. La souveraineté de l’Autriche reste intacte ; elle est seulement aidée ; un système de contrôle garantit que les fonds prêtés à l’Autriche seront bien employé. s à sa reconstitution ; l’exigence des bailleurs de fonds apporte au Gouvernement de l’Autriche, pour l’exécution des réformes difficiles et pénibles, notamment pour la réduction du nombre des fonctionnaires,