Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/947

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

limité et d’une manière moins variée. Dans une autre expérience, la possibilité de fraude a été encore resserrée en enfermant le médium dans un cabinet dont les parois étaient formée» par un filet dont les mailles avaient un peu plus de deux centimètres. Le résultat fut décevant. Peu de phénomènes apparurent et la lumière ectoplasmique ne dépassa jamais le filet de plus d’un ou deux centimètres. A la séance suivante, on fouilla le médium et également le cabinet. Les résultats furent négatifs. Un examen préalable minutieux avait mis en fuite l’ectoplasme.

Dans la dernière séance, il se passa des choses remarquables. On ne fouilla ni n’examina miss Bessinet ; elle garda ses vêtements habituels et on ne fit aucun effort pour l’empêcher de frauder. Elle s’attacha à une chaise avec l’aide d’un de ses esprits familiers et entra en transe.

Bientôt les apparitions ectoplasmiques furent visibles et se déplacèrent beaucoup plus loin que ne pouvait faire le médium attaché sur sa chaise. Au bout d’un moment, un des visages ectoplasmiques admirablement clair et lumineux s’approcha lentement de la table où étaient assis les investigateurs et se mit à planer dans l’obscurité tout près du visage de l’un d’eux. Ceci fut considéré comme un moment favorable à un examen plus approfondi et M. Mackensie fit éclater l’éclair d’un instantané au magnésium. Et alors, qu’est-ce qui fut constaté ? On constata que la théorie de la résorption de Geley et la théorie de l’absorption de Crawford recevaient un coup vigoureux. L’extériorisation immatérielle du médium, l’ectoplasme radieux n’était que miss Bessinet elle-même, en chair et en os, sa main droite restant sur la table, son corps se déplaçant vers un des assistants et dans sa main gauche une petite lampe électrique de poche tournée vers son visage, et qui produisait la lumière ectoplasmique. Une draperie de soie enroulée autour de sa tête complétait harmonieusement l’effet à obtenir. Une inspection de la corde et de la chaise montra que l’ « esprit » qui avait attaché le médium n’ignorait rien des mystères du nœud coulant et l’avait enchaînée de telle sorte qu’elle pouvait aisément se dégager.

Un indicateur et enregistreur électrique, préalablement disposé sous la chaise où miss Bessinet était censée être attachée, révéla qu’elle avait en réalité été éloignée du siège, et debout, pendant plus de la moitié de la durée de la séance.

Et maintenant des États-Unis, patrie de miss Bessinet et pays de tout ce qui est colossal, — fût-ce la mystification, — nous allons rentrer