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preuves qu’on en a données, — est principalement une inflammation de l’imagination, »

Eh bien ! quelque serrée et logique que soit la discussion de M. James Black, quelque scrupuleuse que soit son objectivité, quelque rigoureuse que soit son ironie, je ne veux pas encore souscrire à sa conclusion. Il se peut en effet, du moins il n’est pas impossible, a priori, — puisque nous sommes ici dans un domaine en maître de la science, — il n’est pas absolument impossible, encore que cette hypothèse soit choquante, que l’ectoplasme ait des propriétés et une nature différentes, lorsque c’est le docteur Geley qui l’examine ou lorsque c’est le docteur Crawford. Il n’est pas absolument impossible que la mystérieuse matérialisation ait une sorte de variabilité physique et même chimique, une sorte d’idiosyncrasie qui la modèle différemment selon les temps, les lieux et les expérimentateurs. Je sais bien que ces hypothèses bénévoles n’ont rien de scientifique, puisqu’il n’est de science que du général ; mais j’estime que c’est toujours un devoir de faire la part belle à ceux que l’on discute, et qu’un recul stratégique, — fût-il de dix kilomètres. — destiné à prouver la loyauté des intentions qu’on a, peut avoir son utilité aux yeux de l’histoire impartiale, et des neutres.

Nous admettrons donc provisoirement que les contradictions si amplement relevées par M. James Black, ne sont peut-être pas absolument démonstratives et de nature à prouver irrémédiablement l’inexistence de l’ectoplasme.

Car, rappelons-le, c’est de l’existence même de l’ectoplasme qu’il s’agit avant tout, et non pas de son explication, au sujet de laquelle se sont élevées déjà diverses controverses, peut-être prématurées. Avant de savoir ce qu’est l’ectoplasme, il s’agit de savoir s’il est.

Ce qui importe, ce qui est nécessaire pour pouvoir conclure, c’est d’examiner individuellement les faits allégués, sans idées préconçues dans un sens ou dans l’autre.

Les médiums fameux avec lesquels ont été obtenus récemment, — selon les observateurs, — les matérialisations les plus étonnantes, sont le Scandinave Einer Nielsen, l’Américaine Ada Bessinet, miss Goligher (le célèbre médium avec lequel a opéré le docteur Crawford), Éva Carrère (héroïne des expériences du docteur Geley et de Schrenk-Notzing), et enfin les médiums polonais (Gusik et surtout Kluski sur qui le docteur Geley a attiré l’attention d’une façon retentissante par les moulages d’ectoplasme qu’il assure avoir obtenus avec ce médium).