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deux ans, les membres du Congrès ont bien le droit, je pense, de se montrer orgueilleux, et bruyants.

Encore ce triomphe n’est-il pas seulement célébré sur les autres, mais sur eux-mêmes, lis étaient menacés, eux aussi, d’une crise intérieure ; ils ont une droite et une gauche, qui s’entendent assez mal ; ils ont pu craindre un schisme. La droite est composée de conservateurs timides, et de quelques sages qui ont peur des aventures où la gauche voudrait les entrainer. La gauche a pour les socialistes tendresse de cœur, et aspire à collaborer avec eux. Et même certains socialistes sont un peu pâles, à côté de la couleur rouge vif de ces Populaires avancés. Ceux-ci vont répétant que la classe bourgeoise a fini sa mission dirigeante ; que les circonstances appellent désormais au pouvoir les travailleurs ; que les organismes collectifs doivent remplacer les pouvoirs individuels. On ne voit plus au juste en quoi ils diffèrent pratiquement des communistes. Aujourd’hui, sur la scène du théâtre Rossini, le représentant de la droite est fraîchement accueilli ; son discours parait long ; il n’a pas l’oreille de l’assemblée. Les applaudissements qui accueillent le député Miglioli, représentant de la tendance extrémiste, montrent au contraire où va la faveur. Mais chacun met du sien, et l’unité se fait, — un peu à gauche. Une formule élastique satisfait les plus avancés, en sanctionnant la collaboration du parti populaire avec les partis de gauche ; et les moins avancés, en mettant des limites à cette collaboration.

Je suis frappé du soin qu’on met à appeler l’attention du Congrès sur les questions pratiques. Ainsi que me l’a expliqué le député Cavazzoni, avertis par la faillite du Congrès socialiste, qui s’est perdu en discussions théoriques ; désireux de réussir par les qualités mêmes qui ont manqué à leurs rivaux, et de prendre ainsi la place qu’ils ont laissée ; fidèles par instinct aux tendances dominantes du caractère italien, qui aime à ne pas perdre de vue les réalités tangibles, les dirigeants tiennent à faire de solide besogne. Le peuple aura l’impression que le parti ne l’a pas oublié, ainsi qu’avaient fait les socialistes, qu’on s’est occupé de lui, qu’on a pris en main ses intérêts : de sorte qu’il travaillera à son propre bien, s’il se rallie à ces utilitaires et à ces laborieux. La réforme de l’école, la transformation du patrimoine ecclésiastique, les dommages de guerre, l’exploitation des forces hydrauliques de l’Italie, le problème des