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Toute la journée, nous entendîmes la canonnade et la fusillade dans la direction d’Ulm. C’était le beau succès d’Elchingen que le corps du maréchal Ney (6e) remportait après un combat des plus opiniâtres.

16 et 17 octobre. — Pendant ces deux jours, nous fûmes constamment sous les armes, gardant sur le plateau au-dessus de l’abbaye une route par où l’ennemi aurait pu déboucher, s’il avait essayé de briser le cercle de fer qui l’étreignait dans les murs d’Ulm. La canonnade ne cessa. de se faire entendre jusqu’au soir du 17, où elle cessa tout à coup. Nous apprîmes peu de temps après que le général Mack, renonçant à l’espoir de se faire jour l’épée à la main, venait de capituler en remettant entre les mains de l’Empereur toute son armée et la place qu’il n’avait pas défendue.

20-22 octobre. — A Augsbourg. Pendant ces trois journées, toute l’armée (excepté le 6e corps) quitta les bords du Danube pour se porter sur ceux de l’Inn où l’avant-garde était depuis le 15 octobre. A l’appel du troisième jour, il fut lu à l’ordre des compagnies une proclamation de l’Empereur aux soldats de la Grande Armée, qui énumérait tous les combats et les trophées qu’ils avaient conquis en quinze jours, et l’annonce d’une deuxième campagne contre les Russes qui approchaient. Un décret impérial, daté d’Ulm, faisait compter pour campagne le mois de vendémiaire an XIV, indépendamment de la campagne courante.

Le 20, l’armée autrichienne mit bas les armes, et défila devant l’armée française. L’Empereur arriva le 22 à Augsbourg, précédé des grenadiers à pied qui portaient les quatre-vingt-dix drapeaux pris dans cette première campagne.

24 octobre. — A Munich, capitale de la Bavière.

A mon arrivée, je fus commandé de service pour monter la garde au palais électoral. L’Empereur y arriva dans la soirée ; le lendemain avant midi, j’étais en faction à la porte des appartements de réception. Pendant deux heures, je ne fis que porter et présenter les armes, tant le nombre des grands personnages qui furent-admis à offrir leurs hommages à l’Empereur fut considérable. Je n’avais jamais autant vu de décorations de toute espèce et de tous les pays qu’il en passa devant moi pendant cette fatigante faction. Je crois avoir reçu le salut très profond de tous les princes, ducs, barons de la Bavière