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courbe de l’esprit national et pour distinguer le vrai dessein politique de la France. Qu’y voyons-nous essentiellement ? Je le répète : un enfant du Plateau Central, arraché par la grande secousse révolutionnaire du gisement dont il faisait partie depuis des siècles, où tous les siens s’abritaient depuis la période gallo-romaine, et qui devient pour de longues années un défenseur de la France une et indivisible, jusqu’à ce que les événements l’amènent à se fixer aux confins mêmes de la patrie qu’il a servie, dans cette Lorraine où il fait souche.

Dans mon esprit, cette publication, si le temps le permet, sera éclairée par d’autres qui viendront ensuite la compléter. J’ai à commenter avec mes souvenirs d’enfance des lettres que je possède de mon père et de ma mère sur les Prussiens à Charmes, en 1870 et jusqu’au paiement des cinq milliards. Il se peut que mon fils, quelque jour, comme tant de ses camarades, raconte ses quatre années de la Grande Guerre, qu’il a terminées dans un bataillon de chasseurs du recrutement des Vosges.

De telles publications, à la fois glorieuses et communes, dont il n’est pas de famille française qui n’en puisse fournir de pareilles, rendent évidents et tangibles le péril éternel auquel la France est exposée et la nécessité de maintenir notre antique conception de l’honneur.


MAURICE BARRES.


Charmes sur-Moselle, 17 août 1922.