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bons du Trésor allemand à six mois, payables en or, et dotés de garanties au sujet desquelles le Gouvernement de l’Allemagne et le Gouvernement de la Belgique, auquel les paiements ont été assignés, se seront mis d’accord, ou, à défaut de pareil accord, garantis par un dépôt d’or dans une banque étrangère agréée par la Belgique. »

Sur cette proposition belge, la transaction se fit. Sir John Bradbury accepta d’être battu sur la question du moratorium, pourvu que l’unanimité fût acquise à la motion de M. Delacroix. Les sommes que l’Allemagne doit verser jusqu’au 1er janvier 1923 devant aller intégralement à la priorité belge, il était difficile de ne pas reconnaître au Gouvernement belge la faculté de s’arranger, pour la modalité des versements, avec le Gouvernement allemand, pourvu que les paiements fussent effectifs et que, la priorité belge recevant 250 millions, l’époque où la France sera, enfin, appelée à bénéficier des paiements allemands, se trouvât rapprochée d’autant. M. Louis Dubois, après avoir conféré et s’être mis d’accord avec M. Poincaré, accepta donc la transaction. Il eut soin de faire préciser, par le délégué belge, que son Gouvernement était absolument décidé à exiger de l’Allemagne des paiements effectifs soit en devises, soit par un dépôt d’or dans les banques qui escompteront de suite les bons du Trésor allemand. Au vote, la motion britannique fut repoussée par 3 voix contre une, la proposition Delacroix fut votée à l’unanimité. Le compte-réparations de la Belgique est donc dès maintenant crédité de 250 millions de marks-or. Les délégués sont déjà à Berlin où ils prennent avec le Gouvernement du Reich les dispositions nécessaires pour les prochains paiements. La Belgique va toucher effectivement, aux dates prévues et sans réduction : il est donc impossible de prétendre que l’Allemagne obtient un moratorium ; par un artifice bancaire, elle bénéficie cependant d’un délai. La question de principe reste entière. La Conférence, qui se réunira en octobre ou novembre, devra reprendre par la base toute la question des réparations et mettre sur pied un programme complet de contrôle sur les finances et la vie économique du Reich. Il est évident, d’après le texte même de la motion belge votée à l’unanimité, que l’octroi ou le refus d’un moratorium de longue durée est subordonné à l’acceptation par l’Allemagne de tout un ensemble de réformes économiques et financières que les Alliés la mettront en demeure d’appliquer sous leur surveillance.

Un paragraphe de la motion belge avait, à bon droit, inquiété M. Klotz, président de la Commission du budget. N’était-il pas