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heures trente ; la situation de l’Allemagne, celle des Alliés, furent examinées, avec l’unanime désir de trouver une solution, par les quatre délégués, M. Louis Dubois, président, sir John Bradbury, M. Delacroix, M. Salvago Raggi, assistés de leurs adjoints. « L’observateur officieux » des États-Unis, M. Logan, sans prendre part aux délibérations, y assista ; il eut l’occasion de formuler des avis écoutés avec déférence et profit. L’Allemagne, par l’organe de M. Schrœder, secrétaire d’État, eut, le 30, conformément à l’article 234 du traité, « l’équitable faculté » de se faire entendre. Il apparut bientôt que les instructions du représentant de la Belgique ne lui permettraient pas de voter, avec le délégué de la France, le rejet pur et simple du moratorium qui serait donc accordé par trois voix contre une. M. Poincaré avait déclaré qu’il n’accepterait pas une telle solution et que, si elle prévalait, la France reprendrait sa liberté d’action et aviserait aux moyens de se faire payer par ses propres forces. Il n’échappait à personne que, si le Gouvernement français était obligé de recourir à ces moyens extrêmes, les conséquences seraient graves et que l’autorité de la Commission et celle du traité subiraient une atteinte peut-être irrémédiable. La France ne souhaitait pas une telle solution ; elle la préférait cependant, avec ses hasards, à l’octroi d’un moratorium qui serait apparu à l’Allemagne comme une prime à sa mauvaise volonté et qui n’aurait pas réalisé, selon les termes employés par les experts français à la conférence de Londres, « la constitution d’un actif qui, si l’Allemagne venait à faire faillite à ses engagements, serait à la disposition des Alliés. » On chercha un terrain d’entente.

Entre les deux opinions opposées, — proposition française, pas de moratorium sans gages positifs ; proposition britannique, moratorium avec exécution rigoureuse et au besoin renforcement du contrôle sur les finances allemandes, — surgit une proposition belge. La Commission différerait à statuer sur la demande de moratorium jusqu’à ce qu’elle eût terminé le projet d’une réforme radicale des finances de l’Allemagne comportant : l’équilibre du budget ; une réduction des charges extérieures de l’Allemagne dans la mesure jugée nécessaire à la restauration de son crédit, pourvu que les Gouvernements représentés à la Commission y donnent leur consentement ; la réforme monétaire ; l’émission d’emprunts extérieurs et intérieurs en vue de la consolidation de la situation financière. En attendant, la Commission des réparations accepterait, pour les paiements venant à échéance jusqu’à la fin de l’année, « des